
Depuis la 1ère description du syndrome respiratoire lié au coronavirus (MERS-CoV) en septembre 2012, plus de 90 cas ont été recensés dans le monde dont 70 en Arabie saoudite. La transmission directe d’homme à homme est bien documentée (notamment intra-hospitalière en France) mais l’on ignore à ce jour la source de l’infection. Les chauves-souris, qui représentent le deuxième groupe de mammifères après les rongeurs, constituent un réservoir naturel d'un grand nombre de virus. Les similarités de séquences entre les bêta coronavirus isolés chez les chauves-souris et le MERS-CoV humain ont fait envisager l’hypothèse que celles-ci pourraient bien être le réservoir de ce nouveau pathogène émergent. Une étude, publiée par le CDC vient confirmer cette hypothèse.
En octobre 2012 et avril 2013, deux campagnes de prélèvements ont été organisées dans la région de Bisha (où vivait le cas-index humain), Unaizah et Riyadh en Arabie Saoudite. A Bisha, près du lieu de travail du cas-index et dans un rayon de 12 km autour de son domicile, 96 animaux ont été capturés et prélevés (biopsies, sang, écouvillons de gorge et rectaux, fèces.) Tous ces échantillons ont été analysés pour l’identité d’espèce de chauve-souris (grâce à la séquence d’un fragment de gène du cytochrome B) et soumis à une détection par PCR de 8 régions du génome des CoV (hélicase, RNA polymérase-RNA dépendante ou RdRp, nucléocapside et enveloppe). Des séquences de CoV ont été amplifiées à partir des échantillons rectaux (7/91) et de fèces (220/732). Une séquence RdRP de 190 nucléotides issue de fèces prélevés à Bisha en octobre 2012 s’est avérée 100 % identique avec celle du MERS-CoV.
La transmission virale de la chauve-souris à l’homme peut être directe, via le contact avec les excrétas, ou via un hôte intermédiaire. Cette dernière possibilité est certainement à envisager vu la large distribution des cas de MERS dans toute le Moyen-Orient. Il est à présent indispensable d’identifier cet hôte parmi les animaux sauvages et domestiques pour espérer limiter le plus rapidement possible les transmissions répétées à l’homme.
Dr Muriel Macé