Variabilité de la pression artérielle et de la glycémie au cours du syndrome d’apnées obstructives du sommeil

Les liens entre syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) avec l’insulinorésistance, le diabète de type 2 et la maladie cardiovasculaire, sont clairement établis. Cependant, il reste de nombreuses zones d’ombres et autant d’inconnues dans la nature, les mécanismes et les conséquences précises de ces associations.

Une étude transversale s’est penchée sur les relations potentielles entre les caractéristiques du sommeil et les fluctuations de deux variables, en l’occurrence la pression artérielle et la glycémie, chez 22 patients (dont 11 hommes) tous atteints d’un SAOS de découverte récente. Ceux-ci n’étaient ni diabétiques ni hypertendus. L’âge moyen était de 54 ± 14,5 ans. L’index d’apnées et d’hypopnées (IAH) était ≥ 5 /heure de sommeil au cours d’un enregistrement polysomnographique systématique.
La glycémie et l’insulinémie ont été dosées à jeun et deux heures après ingestion d’une dose de 50 g de glucose, dans le cadre du test d’hyperglycémie provoquée par voie orale. L’insulinorésistance a été évaluée au moyen du modèle homéostatique classique dénommé HOMA/IR (homeostatic model Assessment of insulin resistance). Un index de sensibilité à l’insuline a été également mesuré. La glycémie a été dosée pendant 24 heures consécutives, au moyen de prélèvements sous-cutanés toutes les 5 minutes, cependant qu’un enregistrement continu de la PA était effectué dans le même laps de temps.  La SaO2 nocturne, pour sa part, a été mesurée en continu par oxymétrie d’oreille (SpO2).

L’IAH, qui est un bon indicateur de la sévérité du SAOS, était significativement corrélé à quatre variables : HOMA/IR (p=0,016), index de sensibilité à l’insuline (p=0,022), variations (exprimées en nombres de déviations-standards) de la glycémie (p=0,05) et de la PA (p=0,007). La durée du sommeil passée en désaturation sévère (SpO2<90 %) a été également corrélée aux deux index de sensibilité insulinique (respectivement, p=0,014 et p=0,012), mais aussi au coefficient de variation de la glycémie (p=0,009) et aux fluctuations de la PA systolique sur 24 heures (p<0,05). Enfin, la SpO2 minimale a été corrélée à la glycémie (p=0,018) et au nombre de déviations-standards de la PA diastolique (p=0,005) et de la PA systolique (p=0,022).

En bref, il semble que, chez les patients atteints d’un SAOS, la variabilité de la glycémie et de la pression artérielle soit associée aux marqueurs qui témoignent de la sévérité de la maladie, ceci en l’absence de diabète ou d’hypertension artérielle. De ce fait, les fluctuations de ces deux variables critiques pourraient jouer un rôle dans la survenue d’une maladie cardiovasculaire. Une hypothèse qui mérite d’être validée ou infirmée par des études longitudinales.

Dr Philippe Tellier

Référence
Kallianos A et coll. : Glucose and arterial blood pressure variability in obstructive sleep apnea syndrome. Eur Rev Med Pharmacol Sci., 2013 ; 17 :1932-7.

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