C’est à un exercice intéressant que se livre l’éditorialiste de The American Journal of Psychiatry : il publie un second article, 25 ans après le premier, sur le même thème : « Vers une approche pharmacologique rationnelle du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). » À l’époque (1988), explique-t-il, les recherches à ce sujet étaient encore « dans l’enfance », ce syndrome ne figurant alors que depuis 8 ans dans le DSM-III. Les praticiens devaient alors se contenter de « quelques essais ouverts et quelques vignettes cliniques dans une littérature éparse » pour tenter de préciser leurs connaissances balbutiantes sur ce nouveau diagnostic. Les médicaments proposés en ce temps-là consistaient en antidépresseurs tricycliques, inhibiteurs des monoamines oxydases, benzodiazépines, agents antiadrénergiques ou lithium.
Aujourd’hui, le SSPT a, pour ainsi dire, ses lettres de noblesse, puisqu’il fait l’objet de maintes publications, y compris dans la presse grand public. Et nous savons que les sujets atteints de SSPT connaissent « un certain nombre de dérèglements », diverses recherches ayant porté sur les récepteurs adrénergiques, la (dys)régulation hypothalamo-hypophyso-corticale, les systèmes sérotoninergique, dopaminergique, opioïde, glutaminergique, GABAergique, etc. Des essais sont désormais conduits, notamment avec des antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, deux molécules de ce type (la sertraline et la paroxétine) étant d’ailleurs, dans cette indication, déjà approuvées par la Food and Drug Administration des États-Unis. Le SSPT est donc devenu une entité nosographique mature, tant du point de vue diagnostic que de l’approche thérapeutique. Aussi l’auteur se veut-il, un quart de siècle plus tard, résolument optimiste, en s’appuyant sur « l’espoir qu’il y aura une recherche plus grande et plus agressive » pour développer une « pharmacothérapie rationnelle du SSPT, avec l’appui du gouvernement fédéral (américain) et de l’industrie pharmaceutique », soutiens qui seront « nécessaires pour permettre (aux chercheurs) de réussir. »
Dr Alain Cohen