Où l’excès de boissons sucrées nuirait à la santé mentale des enfants !

Les boissons non alcoolisées sucrées –soft drinks (SF)- sont largement consommées par les enfants. Chez les adolescents, des troubles du comportement associés à leur consommation ont été décrits : agressivité, dépression, idées suicidaires, conduites d’isolement. Ces troubles augmentent parallèlement à l’importance de la prise. Cependant, de nombreux facteurs interfèrent qui rendent difficiles l’évaluation de la part des soft drinks dans ces troubles psychologiques à côté de celle liée à l’environnement familial, le climat de violence, le temps passé devant la télévision, la consommation d’autres aliments sucrés.

Aux USA où la consommation de ces SF est particulièrement élevée, des chercheurs en santé publique ont utilisé les données d’une étude prospective conduite dans 20 grands centres urbains. Les données socio-économiques et médicales ont été recueillies dès la naissance dans le cadre d’un programme intitulé : « Fragile Families and Child Wellbeing Study ». Au total, 4 898 femmes ont été interviewées à la naissance dans 75 hôpitaux puis lorsque les enfants étaient âgés de 12, 36 et 60 mois. A 5 ans, des informations complètes de 2 929 enfants ont été obtenues sur la consommation de SF et le comportement grâce à des interrogatoires standard portant sur l’agressivité (20 items), les conduites d’isolement (9 items) et l’attention (11 items). Parallèlement, des scores ont été établis sur le temps passé devant la télévision, la consommation d’autres sucreries et jus de fruit, les facteurs sociaux de risque : dépression maternelle, violences conjugales, incarcération paternelle. La population étudiée était plutôt défavorisée, 36 % seulement des  mères ayant atteint un niveau d’études secondaires ; 50,6 % étaient afro-américaine et 28 % hispaniques.

Au total, 43 % des enfants consommaient au moins un SF par jour et 4 %, 4 ou plus. Cette consommation a été associée à une élévation des indices d’agressivité parallèlement au nombre de prises quotidiennes et plus particulièrement avec le fait de détruire les objets d’autrui, se battre, et attaquer les autres. Les troubles de l’attention et les conduites d’isolement étaient également notables pour les consommations les plus élevées. Ces résultats persistaient après correction des facteurs de confusion : ethnie, niveau d’éducation et statut marital de la mère, aide sociale, dépression maternelle, télévision, autres mets sucrés, violence conjugale et incarcération paternelle.

Cette étude ne permet pas, en l’absence de renseignements sur la nature des boissons, de connaître les agents en cause, fructose, aspartame, benzoate, acide phosphorique ou citrique, surtout caféine. Mais elle retrouve une association entre la consommation de ces boissons et les troubles du comportement des enfants de 5 ans. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour la confirmer et explorer le mécanisme.

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Suglia SF et coll. : Soft drinks consumption is associated with behavior problems in 5-year-olds. J Pediatr., 2013; 163: 1323-8

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Vos réactions (1)

  • 75 hôpitaux sur une période de 5 ans ont participé à cette étude ?

    Le 18 novembre 2013

    Curieux que cette consommation excessive de boissons sucrées non alcoolisées, n'ait pas alerté les responsables de cette étude sur l'incidence du diabète ou de l'obésité chez les enfants.
    Dr Jean Minaberry, endocrinologue, diabétologue, nutritionniste
    jeanminaberry@hotmail.com

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