
On sait que des lésions cérébrales focales telles que tumeurs, hémorragies ou abcès peuvent provoquer des crises d’épilepsie mais les choses sont moins claires pour les anomalies liées à la sclérose en plaques. Certaines études ont cependant montré une augmentation de la prévalence de l’épilepsie chez les patients souffrant de SEP mais elles étaient de petite taille.
Une étude britannique menée à partir de deux grandes bases de données, l’une pour toute la région d’Oxford (période de 1963 à 1999) et l’autre pour toute l’Angleterre (de 1999 à 2011) a tenté de déterminer si épilepsie et SEP affectaient plus souvent les mêmes individus que ne le voudrait le hasard.
Trois mille neuf cent treize sujets admis ou traités pour SEP ont été recensés dans la population d’Oxford (2,5 millions de sujets en 1989) et 85 772 au niveau national (55 millions de sujets). Pour l’épilepsie, le nombre de patients dans les deux bases de données était de, respectivement, 18 790 et 520 203. Une cohorte contrôle a été constituée, composée de patients hospitalisés pour la première fois pour diverses pathologies médicales ou chirurgicales généralement mineures.
Comparé à la cohorte contrôle, le risque de développer une épilepsie après une SEP est significativement augmenté. Après une hospitalisation pour SEP, le risque relatif d’hospitalisation ultérieure pour épilepsie est en effet de 4,1 dans la cohorte Oxford (intervalle de confiance à 95 % [IC] : 3,14–5,27 et de 3,3 (IC : 3,14–3,40) dans la cohorte nationale. Ce sont les patients âgés de moins de 55 ans qui ont le risque le plus élevé. Une association inverse a également été observée, mais elle est moins forte : les patients épileptiques ont un risque de SEP multiplié par, respectivement, 2,5 (IC : 1,71–3,54) et 1,9 (IC : 1,79–2,07) dans les deux bases de données. De plus il convient de noter que l’épilepsie peut être inaugurale dans environ 10 % des cas de SEP.
Le risque absolu d’épilepsie chez les patients atteints de SEP a été établi approximativement à 3 %.
Les mécanismes de l’association entre SEP et épilepsie ne sont pas clairs et font l’objet de plusieurs hypothèses. Certains auteurs ont retrouvé une corrélation entre les crises épileptiques et le nombre de poussées de SEP. D’autres ont observé une inflammation corticale plus sévère et davantage de lésions intracorticales en cas de coexistence des pathologies que dans la SEP isolée. Enfin, des travaux suggèrent qu’une anomalie de l’expression des canaux sodiques neuronaux dans la SEP pourrait jouer un rôle dans l’apparition ultérieure d’une épilepsie.
Les résultats de cette étude, menée sur une très large population et cohérents avec les données recueillies antérieurement, pourraient avoir d’importantes implications à la fois pour les cliniciens et pour les chercheurs, en ce qu’ils reflètent le risque accru d’épilepsie chez les patients atteints de SEP et ouvrent la voir vers des hypothèses mécanistiques du lien entre ces deux affections.
Dr Catherine Faber