
La place du Tumor necrosis factor (TNF) dans le fonctionnement du système immunitaire est bien connue. Mais il pourrait également jouer un ou d’autres rôles comme le montrent les résultats d’une étude expérimentale menée chez la souris ou plus exactement des souris rendues déficientes en TNF (Tnf–/–). Il a tout d’abord été noté que la progéniture de ces animaux, malgré leur apparence normale avait une meilleure mémoire spatiale que la progéniture de souris « classiques ».
Alors que rendre déficients en TNF les bébés souris nés de mère déficientes n’avait aucun effet, il a par contre été constaté que les bébés souris nés de mères normales allaités par des mères Tnf–/– développaient alors de meilleures performances en terme de mémoire spatiale. Il est donc apparu que c’est par le lait que les progénitures des souris Tnf–/– acquièrent leurs compétences.
Le TNF maternel n’interagit pas directement avec les précurseurs neuronaux, mais agit via la régulation d’un groupe de chimiokines du lait. En effet, le déficit en TNF maternel partiel ou complet, observé spécifiquement dans les cellules hématopoïétiques de la souris, entraîne une réduction significative du taux de certaines chimiokines dans le lait maternel. Il en résulte une prolifération des cellules de l’hippocampe avec, comme corolaire, une meilleure mémoire spatiale des animaux à l’âge adulte. À noter que les chercheurs ont réussi à reproduire cet effet par l’administration postpartum d’une molécule anti-TNF aux mères. Ils ont constaté que le déficit maternel en TNF non génétiquement induit durant la période postpartum est suffisant pour entraîner des modifications de l’hippocampe et de la mémoire spatiale.
Cette étude chez la souris montre que les chimiokines transmises par le lait maternel ont un effet non seulement sur le développement du système immunitaire des animaux de la portée, mais aussi sur leur cerveau et sur leurs capacités cognitives ultérieures.
Dr Catherine Faber