
Un tiers à 80 % des malades atteints de sclérose en plaques (SEP) ont recours aux médecines alternatives et complémentaires. Mais quel bénéfice peuvent-ils espérer en tirer ? Un groupe d'expert de l'académie Américaine de Neurologie a réalisé une revue de la littérature sur ces thérapies non conventionnelles afin d’en préciser l’intérêt ou…l’absence d’intérêt.
L'extrait oral de cannabis ou le tétrahydrocanabinol (THC) diminuent les symptômes subjectifs de spasticité et la douleur, à l'exclusion des douleurs centrales (niveau A et B respectivement pour ces deux molécules). Ces 2 molécules sont inefficaces sur les signes objectifs de spasticité et le tremblement à court terme (niveau B). Elles sont par contre peut-être efficaces à long terme sur les signes objectifs de spasticité (niveau C).
Le Sativex en spray buccal est probablement actif sur les symptômes subjectifs de spasticité, la douleur, les courbatures (niveau B). Par contre, il est probablement sans effet sur les signes objectifs de spasticité, l'incontinence vésicale, l'anxiété, la cognition, la fatigue et les tremblements (niveau C).
Aucune étude ne permet de déterminer l'efficacité ou la sécurité du cannabis fumé pour la spasticité, la douleur, la cognition.
Le Ginkgo biloba a peut être un intérêt vis-à-vis de la fatigue (niveau C), mais n’en a pas en ce qui concerne la cognition (niveau A). Le contrôle de qualité de ce type de produit n'est pas régulé, ce qui peut laisser persister des risques. De plus, il peut poser un problème d'interactions avec les thérapies conventionnelles de la SEP.
La réflexologie est peut être bénéfique face aux paresthésies (niveau C). Il n'existe pas assez d'études pour évaluer ses effets sur le handicap, la spasticité, la cognition, la fatigue, la dépression, l'anxiété ou l'insomnie.
Le venin d'abeille est probablement inefficace sur la fatigue, le handicap et le nombre de lésions en IRM (niveau C).
Les thérapies magnétiques sont peut être intéressantes pour lutter contre la fatigue (niveau B) mais possiblement sans action sur la dépression (niveau B).
Un régime pauvre en graisse avec supplémentation en omega 3 est probablement inefficace sur les rechutes, le handicap, les lésions IRM, la fatigue et la qualité de vie (niveau B).
Les cliniciens doivent pouvoir conseiller au mieux leurs patients atteints de SEP et leur expliquer que l'efficacité et la sécurité des thérapies non conventionnelles non citées dans ce travail ne sont actuellement pas connues.
Dr Juliette Lasoudris Laloux