La chirurgie, peut-être un facteur d'aggravation pour la SLA

Les traumatismes physiques importants font partie des facteurs de risque de sclérose latérale amyotrophique (SLA) les plus couramment cités. La chirurgie, qui peut être considérée comme une forme de traumatisme physique, n'est cependant pas habituellement reconnue comme un de ces facteurs.

Dans ce travail international, les auteurs ont souhaité évaluer l'impact potentiel de la chirurgie sur l'apparition ou l'aggravation d'une SLA.

Six cent cinquante-sept malades (382 hommes, âge moyen 62,6 ans ± 12,1), dont 30 souffrant d’une forme familiale (FSLA) ont été inclus dans l'analyse entre 1997 et 2012.

Ils se répartissaient en 4 groupes. Le groupe 1 correspondait aux sujets sans antécédents de chirurgie, le groupe 2 à ceux ayant un antécédent de chirurgie datant d'au moins 3 mois avant le début de la maladie. Le groupe 3 comprenait les patients ayant eu une chirurgie dans les 3 mois avant le début de leur maladie et le groupe 4 des patients ayant eu une chirurgie après le début de leur maladie.

Parmi les 657 malades, 464 (70,6 %) appartenaient au groupe 1 dont 24 avec une FSLA, 11 (16,9 %) au groupe 2 dont 4 avec une FSLA (temps moyen entre chirurgie et début des symptômes : 14,6 ans, SD 16). Le groupe 3 comportait 23 patients (3,5 %), (SLAS) et le groupe 4, 59 (9 %), tous atteints de SLA sporadique.

Chez 35 des 59 malades du groupe 4 (35 %), l'intervention chirurgicale avait probablement été liée à une erreur de diagnostic.

Dans le groupe 3, on notait une corrélation entre la localisation de la chirurgie et celle du début de la SLA (p = 0,032).

Chez 17 malades du groupe 4 qui avaient eu une chirurgie moins de 4 semaines après le début de leur SLA, le taux de variation du score fonctionnel de SLA (ALS-FRS) était significativement plus haut dans les 3 mois postopératoires par rapport a la période préopératoire (6,3 % ± 8,1 vs 1,46 % ± 1,35, p= 0,005) et à la période suivant les 3 mois postopératoires (6,3 % ± 8,1 vs 3,30 % ± 3,10, p = 0,006).

Les auteurs estiment que les malades ayant une progression lente de la SLA ont un risque accru de recours à la chirurgie, probablement en raison des difficultés diagnostiques et qu'il existe vraisemblablement une progression de la maladie accélérée dans les mois suivant la chirurgie. Un diagnostic précis très tôt dans l'évolution de la SLA est donc important afin d’éviter toute chirurgie non nécessaire au risque d'entraîner une aggravation de la maladie.

Dr Juliette Lasoudris Laloux

Références
Pinto S et coll. : Does surgery accelerate progression of amyotrophic lateral sclerosis?
J Neurol Neurosurg Psychiatry, 2014;85:643–646.

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