
La fibrillation atriale (FA) est le trouble du rythme le plus fréquent ; elle est un facteur prédictif puissant de complications cardiovasculaires majeures et de décès.
Il a été démontré que l’hypertension artérielle et une augmentation de l’indice de masse corporelle étaient les 2 facteurs de risque, potentiellement réversibles les plus importants de survenue d’une FA ; chacun d’entre eux rendant compte d’environ 20 % du risque de FA dans la population générale.
L’élimination de ces deux facteurs, et de quelques autres tout
aussi modifiables, parmi lesquels l’alcool, permettrait de diminuer
d’environ 50 % à 60 % l’ensemble des cas de FA.
SC. Larsson et coll. ont tenté d’évaluer, au moyen d’un questionnaire, l’association entre la quantité totale d’alcool consommée, sa nature, le mode de son ingestion et la survenue d’un premier épisode de FA ; ils ont ensuite combiné leurs résultats à ceux d’autres études prospectives réalisées sur ce thème et en ont fait lune méta-analyse.
Cette étude prospective a porté sur 2 cohortes regroupant 79 000 suédois des 2 sexes dont 7 245 ont été hospitalisés pour une FA.
Comparés aux sujets qui buvaient moins d’un verre d’alcool par semaine, ceux qui en consommaient 15 à 21, ou plus de 21, voyaient leur risque relatif de présenter une FA croître respectivement de 14 % et 39 %.
L’ingestion de moins de 15 verres de boissons alcoolisées par semaine (2 verres par jour) n’était pas clairement associée au développement d’une FA. Cependant, l’étude a montré que même de petites quantités de boissons alcoolisées étaient associées, dans les 2 sexes, à une augmentation faible mais significative, estimée à 8 %, du risque relatif de survenue de nouveaux cas de FA.
Par ailleurs, l’ingestion massive d’alcool (plus de 5 verres de boissons alcoolisées) dans un bref espace de temps (binge drinking) a été signalée par 18 % de la population. Ce mode d’ingestion était associé à une augmentation du risque de survenue de nouveaux cas de FA, et ce, indépendamment du nombre de verres absorbés pendant la semaine.
En conclusion, cette étude, la plus vaste publiée à ce jour sur ce sujet, montre qu’une forte consommation de boissons alcoolisées (entre 15 et 21 verres/semaine voire plus) et une ingestion massive (5 verres) en peu de temps, sont associées à la survenue d’une FA. Quant à l’ingestion régulière de 2 verres de boissons alcoolisées/jour, elle peut augmenter modestement, dans les 2 sexes, le risque de FA, mais le risque reste cependant faible et il ne doit pas faire oublier qu’une consommation modérée d’alcool peut réduire, par ailleurs, le risque de survenue d’autres affections cardiovasculaires.
Dr Robert Haïat