
Le diabète de type 2 augmente d’environ 40 % le risque de survenue d’une fibrillation atriale (FA) qui est elle-même responsable d’un accroissement de la morbi-mortalité de ces patients.
Chez les diabétiques de type 2, l’apparition d’une FA a été liée au contrôle glycémique. C’est ainsi que dans l’étude de population cas-contrôle de Dublin et coll. (J Gen Intern Med., 2010; 25: 853-858) tout accroissement de 1 % du taux d’HbA1c (hémoglobine glyquée) augmentait le risque de FA de 14 %. En revanche, on ignore si le contrôle au long cours strict de la glycémie modifie l’incidence des nouveaux cas de FA et le devenir des patients qui ont un diabète de type 2.
C’est ce qui a conduit Fatemi et coll. à examiner les effets d’un contrôle intense de la glycémie des diabétiques de type 2 sur la survenue d’une FA et à évaluer la morbi-mortalité de l’association diabète de type 2-FA.
L’étude a été menée de façon prospective chez les 10 082 patients diabétiques inclus dans ACCORD (Action to Control Cardiovascular Risk in Diabetes), étude randomisée, conduite en double-aveugle. Après randomisation, les participants y étaient soumis soit à une stratégie de traitement intense visant à obtenir un taux d’HbA1c < 6,0 % soit à une stratégie de traitement standard visant à obtenir un taux d’HbA1c compris entre 7,0 % et 7,9 %.
Sur un suivi moyen de 4,68 ans, une nouvelle FA a été notée chez 159 patients (1,58 %), avec un taux semblable dans les deux groupes thérapeutiques, à savoir 5,9 pour 1 000 patient-années sous traitement intense et 6,37 pour 1 000 patient-années sous traitement standard (p = 0,52).
En analyse multivariée, un certain nombre de facteurs se sont avérés prédictifs de la survenue d’une FA : l’âge, le poids, la pression artérielle diastolique, la fréquence cardiaque et des antécédents d’insuffisance cardiaque.
Les diabétiques chez lesquels une FA était survenue étaient exposés à un risque significativement accru de : mortalité de toute cause (hazard ratio [HR] 2,65 ; intervalle de confiance [IC] 95 % [1,8 à 3,86] ; p < 0,0001), infarctus du myocarde (HR 2,1 ; IC 95 % [1,33 à 3,31] ; p = 0,0015) et développement d’une insuffisance cardiaque (HR 3,80 ; IC 95 % [2,48 à 5,84] ; p < 0,0001).
Ainsi, chez les patients qui ont un diabète de type 2, un contrôle intense de la glycémie n’affecte pas l’incidence de survenue de nouveaux cas de FA. Quant aux patients qui présentent tout à la fois un diabète de type 2 et une FA de survenue récente, ils sont exposés à une plus forte morbi-mortalité par rapport aux diabétiques de type 2 restés indemnes de toute FA.
Dr Robert Haïat