Mobilisation contre la loi de santé : le "blocus sanitaire" commence demain

Paris, le vendredi 2 octobre 2015 – Le syndicat des médecins libéraux (SML), la Fédération des médecins de France (FMF), le Bloc et l’Union française pour une médecine libre (UFML) appellent l’ensemble des médecins libéraux français à fermer leurs cabinets à partir de demain, jusqu’au 6 octobre. Ce « blocus sanitaire » qui pourrait être prolongé ou plus certainement répété dans quelques semaines est une nouvelle fois destiné à protester contre l’ensemble des dispositions du projet de loi de santé, qui devrait être l’objet d’un vote solennel au Sénat le 6 octobre.

Mot d’ordre : « luttons à Luton »

Risquant une nouvelle fois de s’attirer quelques quolibets, le collectif a cependant choisi de débuter son mouvement en une période de week-end, limitant l’impact pour les populations… et sur l’activité des cabinets. Pour autant, les journées de fermeture de lundi et de mardi (plus surtout le 5 octobre avec l’entrée en piste des adhérents de MG France) permettront de mieux mesurer le niveau de détermination des praticiens. Cette temporalité reflète sans doute en partie l’orientation des participants dont les ambitions sont doubles. Ils souhaitent d’abord sensibiliser les populations et les médias dont ils estiment qu’ils méconnaissent encore trop largement les dangers de la loi de Santé. Cet objectif sera poursuivi à travers différentes rencontres organisées par les praticiens : à Paris, la FMF, le Bloc, le SML et l’UFML donnent notamment rendez-vous dans le bien nommé amphithéâtre Luton, à l’hôpital Cochin. Attirer l’attention des populations passera également par quelques manifestations plus spectaculaires : des opérations escargots sont ainsi prévues dans certains départements, notamment dans le Val d’Oise, à l’initiative du SML.

Large mobilisation

Dans un second temps, c’est au gouvernement que le message s’adressera plus certainement, avec l’espoir d’une grande participation des praticiens. Des signaux dans ce sens se font déjà jour. Le patron de MG France, Claude Leicher, affirme ainsi : « Le mouvement sera davantage suivi que d’habitude ». De fait au sein de plusieurs bassins de population, des taux de participation avoisinant les 100 % ont été annoncés. Ainsi, à Roanne, l’ensemble des praticiens ont prévu de laisser la porte de leur cabinet fermée et pourront compter par ailleurs sur le soutien de certains pharmaciens qui devraient baisser leur rideau en début de semaine prochaine ou encore des spécialistes et chirurgiens de la clinique du Renaison qui réduiront sensiblement leur activité.

Pendant la grève, la campagne continue (illégalement)

Cette mobilisation ne devrait guère souffrir de l’absence d’unité syndicale. Le grand absent de ce « blocus sanitaire » est en effet la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) qui a refusé de prendre part à un mouvement qu’elle qualifie de « mascarade électoraliste ». Peut-être le grand syndicat a-t-il eu peur de voir sa singularité effacée dans la participation d’un mouvement unitaire ? Qu’il se rassure pourtant, les dissensions existent même au sein du collectif ayant appelé à la grève. C’est ainsi que l’on peut lire sur le site du Bloc des messages peu amènes à l’égard du SML, tandis que ce dernier n’hésite pas à proposer à ses adhérents la réalisation de selfies affublés d’une affichette à l’effigie du SML. Rien de très unitaire… et rien de parfaitement conforme aux réglementations sur les élections aux URPS qui interdisent toute action de campagne depuis le 28 septembre !

Aurélie Haroche

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Vos réactions (1)

  • Grève inutile

    Le 04 octobre 2015

    Bien inutile, tout cela. La seule mesure qui ferait avancer le système, en le faisant éclater, pour le reconstruire bien différemment, serait de sortir de ce conventionnement délétère qui a conduit à la catastrophe de cette économie. Car comment appeler un système qui perdure dans un déficit chronique, qui est alimenté par l'emprunt, qui ne permet pas la qualité, qui déresponsabilise le patient et dans lequel un organisme d'assurance se permet d'intervenir sur les choix thérapeutiques, au lieu de limiter son action au remboursement. Les grands gagnants de ce système actuel, sont les médecins qui visent toujours plus, une inflation d'actes, se permettant de voir 30,40,50 patients par jour. Les médecins qui choisissent de faire dans la qualité, ne le peuvent, en vérité.
    Il faudrait du courage, aux syndicats, pour casser ce système, qui, au passage à une répercussion sur tous les secteurs, sur la France, en prônant et en allant vers un déconventionnement. Par pour gagner plus, mais pour gagner mieux, et appartenir à une vraie profession médicale libérale.
    Ce genre de grève ne servira à rien, sinon à baisser les remboursements de la SS. Le Tiers-payant ne sert que la démagogie politique, ici socialiste, histoire de récolter quelques électeurs. Cela fait 40 ans que cela dure.
    Dr Christian Trape

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