Faux certificat de vaccination contre le tétanos : un pédiatre devant l’Ordre

Orléans, le jeudi 17 décembre 2015 – « Le Dr Bry suit mes enfants depuis bientôt 15 ans avec pertinence, efficacité et dévouement. Je suis outrée qu'on s'acharne sur lui alors que tous les jours des grands pontes de la médecine font des erreurs graves tout en encaissant des sommes inconsidérées, sans aucun respect pour leurs patients ». Dans ce premier message d’une longue série, le ton est donné. Le Dr Bry, pédiatre homéopathe, installé à Fondettes (Indre-et-Loire) depuis plus de 25 ans, recense ses soutiens : 2 543 personnes ont déjà signé la pétition lancée pour le défendre.

Défendu par des groupes hostiles à la vaccination

Depuis le 9 octobre dernier, ce médecin a été suspendu pour une période de cinq mois par l’Agence régionale de Santé (ARS). Il est en effet soupçonné d’avoir produit un faux certificat de vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. L’affaire a été révélée aux autorités quand au début de l’été, un enfant de neuf ans a été admis à l’hôpital pédiatrique Gatien-de-Clocheville (CHU de Tours), victime d'un tétanos. Les analyses biologiques ont permis d’établir que contrairement aux affirmations de ses parents et aux renseignements portés sur son carnet de santé, l’enfant n’avait pas été vacciné contre le tétanos. Une procédure réglementaire a donc été enclenchée, tandis qu’une information judiciaire était ouverte. Par ailleurs, une procédure disciplinaire est entamée : le médecin comparaissait hier devant le Conseil régional de centre Val de Loire, à Orléans. Une instance qui ne lui est pas inconnue, le praticien ayant été selon la Nouvelle République déjà épinglé par les autorités ordinales par le passé. Il y a quelques jours, le praticien a choisi de sortir de son anonymat et plusieurs sites, ouvertement hostiles aux vaccinations (tel Info Vaccins France), ont commencé à prendre sa défense. Dans une dialectique habituelle aux opposants aux vaccinations, le docteur Bry affirme d’une part que l’enfant a bien été vacciné contre le tétanos, avant de s’atteler à un plaidoyer contre la vaccination obligatoire et remettant en cause l’efficacité des vaccins.

Où est la calomnie ?

« Cet enfant avait bien été vacciné à plusieurs reprises conformément aux lois d'obligations vaccinales en 2008 et 2009. Le carnet de santé de l’enfant atteste de ces vaccinations et elles ont été confirmées à la fois par le Dr Bry et par la famille de l’enfant à deux reprises » affirme ainsi le texte diffusé en marge de l’appel à la signature de la pétition de soutien. Sans revenir sur le fait que dans la foulée de la toxi-infection du petit garçon, ses frère et sœur ont été vaccinés en urgence, comme le rapportait la presse locale (ce qui semble accréditer  l'absence de vaccination), les défenseurs du praticien et ce dernier se penchent sur l’absence totale d’anticorps antitétaniques décelés chez l’enfant. Ils estiment que l’idée selon laquelle l’absence d’anticorps atteste le défaut de vaccination est une « vision simpliste » qui « occulte une réalité scientifique qui admet qu’une vaccination n’entraîne pas automatiquement une immunisation et que toute immunisation n’entraîne pas de fait une protection ». Le praticien et ses proches vont même jusqu’à affirmer que l’enfant ne présenterait toujours pas aujourd’hui d’anticorps antitétaniques bien qu’il ait été vacciné pendant son hospitalisation, ce que personne d’autre ne confirme. Ils poursuivent en arguant : « Prétendre donc que cet enfant a eu le tétanos à cause de son médecin qui aurait fait un faux est calomnieux car le tétanos est une maladie non immunisante. Comment un vaccin pourrait-il protéger contre une maladie qui naturellement ne protège pas ? ». Aucune référence scientifique bien sûr ne vient conforter ces propos. On sait en effet que si le tétanos n'est pas une maladie immunisante, l'anatoxine tétanique, mise au point par Ramon en 1923,  offre une protection parfaite lorsqu'elle est correctement administrée. Ceci explique d'ailleurs la nécessité de vacciner les sujets hospitalisés pour un tétanos, une notion très ancienne et jamais contestée. On relèvera enfin que le praticien et ses soutiens vont jusqu’à suggérer que le tétanos de l’enfant serait lié à une mauvaise prise en charge de la plaie à l’hôpital de Clocheville… qui n’a pas souhaité répondre à de telles accusations !

Où est l’intolérable ?

Au-delà de ces explications qui renvoient aux argumentations classiques des opposants à la vaccination, utilisant un discours pseudo scientifique pour développer de fausses idées, le docteur Bry et ses soutiens dans son mémoire transmis à l’Ordre contestent le caractère obligatoire de la vaccination. Dans un communiqué diffusé par Info Vaccins France, la défiance vis-à-vis des vaccins est enfin clairement assumée dans la conclusion qui proclame : « Si les bénéfices [des vaccins] deviennent proches de zéro, les risques eux, augmentent avec le nombre de valences croissant, de produits neurotoxiques, cancérigènes et mutagènes contenus dans les vaccins et le nombre de vaccins que les enfants reçoivent notamment qui ne fait que croître (…). De ce fait le rapport bénéfice risque atteint vite l’intolérable ». On ne sait pour l’heure quelle a été la réaction des conseillers ordinaux face à une telle avalanche d'arguments, mais ils devraient préciser leur décision très prochainement, avant que ne s’ouvre également le volet pénal de l’affaire. Le docteur Bry pourrait ne pas avoir assez de ses 2 500 soutiens, même si plusieurs prennent la peine d’insister sur le fait que leurs enfants suivis par le praticien ont bien reçu les vaccinations obligatoires.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (9)

  • Abus de droit

    Le 17 décembre 2015

    "La raison ne fait pas le poids face aux passions car les hommes préfèrent les légendes au réel par confort, par refus et par peur d’affronter les responsabilités inhérentes à leurs erreurs."

    En droit, la règle voudrait que le prévenu soit jugé à charge et à décharge. Or dans votre article, seuls les arguments à charge sont présentés et le prévenu, victime expiatoire d'une juridiction inquisitoriale, condamné avant d'être jugé.

    L'ordre donne ici une très mauvaise image de la profession qu'il représente.

    Jean-Pierre Eudier

  • Fascisme ordinaire ?

    Le 17 décembre 2015

    J'appelle le comportement de jim.fr, de l'ordre des médecins et des autorités sanitaire du fascisme ordinaire, dont on va crever.
    Mais vous n'êtes pas obligé de publier ma réaction. Il ne faut entendre qu'une voix: tout le monde au garde à vous dans les rangs, le petit doigt sur la couture du pantalon ! Et surtout pas touche aux bénéfices fabuleux de l'industrie pharmaceutique.

    Dr Jacques Lacaze, médecin retraité
    Loos-en-Gohelle - 62

  • La réponse de la rédaction

    Le 18 décembre 2015

    Notre contradicteur a atteint bien rapidement le point Godwin en assimilant notre position et celles de l'Ordre des médecins et des autorités sanitaires sur cette affaire à un comportement fasciste (même ordinaire).
    Nous avons du mal à comprendre en quoi exprimer un avis (banal) sur la rédaction d'un faux certificat ou sur les bienfaits (évidents) de la vaccination antitétanique peut avoir un quelconque rapport avec une doctrine totalitaire (ou d'ailleurs avec l'inquisition).

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