
Victoire pour les syndicats
Pour les syndicats, bien sûr, même partielle, cette censure est une victoire. « Cela nous avait inquiétés de voir que le gouvernement ne mettait pas dans la loi les mêmes contraintes aux régimes complémentaires qu’au régime obligatoire » relève Claude Leicher, président de MG France cité par le Monde, tandis que Jean-Paul Ortiz patron de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) se félicite : « C’est une victoire pour les médecins libéraux ». De fait, la place croissante prise par les mutuelles représente l’une des inquiétudes majeures des praticiens libéraux, qui redoutent que ces dernières n’imposent de plus en plus de conditions et restreignent peu à peu leur liberté. Par ailleurs, le système gagne en simplicité, notamment pour les médecins en secteur 2 : ils n’auront pas à multiplier les calculs pour déterminer le taux de remboursement dont bénéficient leurs patients.Une nouvelle loi peu probable
Le ministre de la Santé n’a pas voulu voir dans cette censure un échec. Elle observe néanmoins que la décision du Conseil modifie en partie l’étape prévue le 30 novembre 2017. A cette date : « le tiers payant devient un droit pour tous les Français, pour la partie remboursée par la sécurité sociale. Les professionnels de santé pourront en plus proposer le tiers payant pour la partie remboursée par les complémentaires santé. Celles-ci auront l’obligation de le proposer aux assurés dans le cadre des contrats responsables (plus de 90% des contrats) », indique le ministère de la Santé. N’en faisant pas mention dans son communiqué publié hier, il est peu probable que le gouvernement décide de se lancer dans l’élaboration d’une nouvelle loi corrigeant les insuffisances du premier texte, d’autant plus que les difficultés techniques demeurent. Sauf à employer une procédure très accélérée, l’adoption du texte coïnciderait en effet avec le campagne pour l’élection présidentielle, soit une période où il sera sans doute opportun d’avoir scellé la réconciliation (également peu probable) avec les professionnels de santé.
Dernière heure
Après la décision du Conseil constitutionnel Marisol Touraine a
annoncé il y a quelques minutes, comme nous le pressentions plus
haut, qu'elle ne voyait pas la nécessité de légiférer à nouveau. Le
tiers payant généralisé ne concernera donc pas la part de la
consultation prise en charge par les mutuelles.
Aurélie Haroche