
Le sepsis favorise-t-il la survenue d’un infarctus du myocarde (IDM) ? Cette question n’est pas sans intérêt dans la mesure où l’incidence, le traitement, et l’évolution d’un IDM dans ce contexte n’a pas été étudié.
C’est pour tenter d’y répondre que Smilowitz et coll. ont analysé les données issues d’une base nationale (National Inpatient Sample) portant sur des patients ayant présenté un sepsis entre 2002 et 2011 et évalué l’incidence de l’IDM dans cette population. Le critère principal est la mortalité hospitalière de toute cause.
Un peu plus de 4 % de patients concernés
L’étude a ainsi porté sur un total de 2 602 854 patients avec sepsis. Un IDM a été reconnu chez 118 183 d’entre eux (4,5 %) ; il s’agissait surtout (71,4 %) d’IDM sans sus-décalage du segment ST.
La mortalité hospitalière était plus élevée chez les patients qui avaient un sepsis et un IDM que chez ceux qui avaient seulement un sepsis (35,8 % vs 16,8 % ; p < 0,0001; odds ratio [OR] ajusté 1,24 ; intervalle de confiance [IC] 95 % [1,22 à 1,26]).
Parmi les patients qui avaient fait un IDM, 11 899 (10,1 %) ont bénéficié d’une stratégie invasive de traitement ; un peu plus d’un tiers (4 668 soit 39,2 %) ont eu une revascularisation. Une procédure interventionnelle coronaire percutanée (PCI) a été réalisée chez 3 413 patients (73,1 %), un pontage aorto-coronaire (PAC) chez 1 165 (25,0 %), et l’association d’une PCI et d’un PAC chez 90 patients (1,9 %).
Mortalité plus faible en cas de prise en charge « agressive »
Après appariement, les patients dont l’IDM avait été traité de façon invasive avaient une mortalité hospitalière significativement plus faible que ceux dont l’IDM avait été traité par une stratégie conservatrice (19,0 % vs 33,4 % ; p < 0,001 ; OR 0,47 ; IC 95 % [0,44 à 0,50]) et cela s’est retrouvé dans tous les sous-groupes de patients étudiés.
En conclusion, l’infarctus du myocarde n’est pas une complication si rare des états de sepsis ; il augmente significativement la mortalité hospitalière et sa prise en charge invasive s’accompagne d’une moindre mortalité qu’une prise en charge conservatrice.
Dr Robert Haïat