
Paris, le mercredi 11 mai 2016 - Les incohérences des décisions judiciaires concernant la vaccination ne peuvent que favoriser un climat de suspicion. Ainsi, sur l’hépatite B, la justice n’en finit pas de souffler le froid et le chaud. Quelques mois après que le parquet ait décidé de prononcer un non lieu définitif dans l’affaire du vaccin contre l’hépatite B, la cour administrative d’appel de Lyon empreinte une voie très différente.
L’affaire concerne une auxiliaire puéricultrice d’Echirolles, soumise à une obligation vaccinale contre l’hépatite B en 1993, suivie d’un rappel en 1999. Cette femme âgée aujourd’hui de 65 ans a présenté deux ans après la dernière injection des symptômes considérés comme ceux d'une myofasciite à macrophages . Ce syndrome dont la description est l’objet de discussions dans la communauté médicale est attribué par quelques rares experts à la présence d’adjuvants aluminiques dans certains vaccins (thèse qui est rejetée par la majorité des autorités scientifiques et sanitaires). Dans la lignée de la position défendue par ces spécialistes, le tribunal administratif de Grenoble en septembre 2014 avait rejeté la demande d’indemnisation formée par la plaignante, en arrêt de travail depuis 2010. Mais invalidant ce jugement, la cour d’appel de Lyon a pour sa part décidé de considérer que « le lien de causalité entre la vaccination contre l'hépatite B subie dans le cadre de l'obligation vaccinale liée à son activité professionnelle et la myofasciite à macrophages dont elle souffre, doit être considéré comme établi ». Les magistrats se basent notamment sur un « rapport d'expertise du 26 août 2011 [indiquant] qu'elle présente des lésions musculaires de myofasciite à macrophages traduisant la persistance in situ, prolongée dans le temps, d’hydroxyde d'aluminium (stimulant immunitaire), des années après l'injection intramusculaire d'un vaccin contenant ce composé comme adjuvant ».
Dès lors, la cour a ordonné que la patiente puisse percevoir l’ensemble des salaires dont elle a été privée. Cette décision ne laissera pas de surprendre : alors que les discussions scientifiques ne plaident nullement en faveur d’une reconnaissance d’un lien entre myofasciite à macrophages et exposition aux adjuvants aluminiques et que la toxicité de ces derniers n’est nullement prouvée, la justice a décidé, sans nuance, d’établir cette corrélation. L’affaire ne devrait pas rester sans précédent et pourrait porter un nouveau coup à l’élaboration d’un discours rationnel sur la vaccination.
Martine Pichet