
Paris, le jeudi 2 juin 2016 – La proposition ( non définitive), dévoilée par la presse (et relayée par JIM) quelques heures avant la tenue d’une nouvelle réunion entre l’Assurance maladie et les médecins libéraux, d’une augmentation du C de 2 euros sous conditions promettait de susciter des réactions contrastées chez les syndicats. Les prévisions n’ont pas été déjouées.
Le gouvernement veut casser le secteur 2
Sans surprise, ce sont les organisations défendant historiquement le secteur 2 qui ont été les plus virulentes, le Syndicat des médecins libéraux (SML) en tête. On le sait, la piste privilégiée par l’Assurance maladie consisterait à permettre l’application du C à 25 euros à tous les médecins de secteur 1 et adhérents au Contrat d’accès aux soins (CAS) ce qui continuera à empêcher les patients des praticiens de secteur 2 de bénéficier d’un remboursement sur la base de 25 euros. Une telle distinction entre les praticiens révolte le patron du SML, le docteur Eric Henry. « Nous demandons que le prix de la consultation de base soit le même dans chaque cabinet que vous soyez généraliste, spécialiste ou chirurgien et qu’il passe de 23 à 25 euros » a indiqué le praticien qui a encore regretté cette volonté affichée de « casser le secteur 2 ». Pour manifester clairement son refus, Eric Henry a quitté hier la table des négociations, après que le patron de l’Assurance maladie n’ait pu lui donner d’indication précise sur le montant de l’enveloppe dont il dispose pour conduire ces discussions. Le patron du SML souhaitait également un engagement écrit de Nicolas Revel concernant la pérennisation du système de retraite des médecins. Cependant, le SML pourrait être de retour à la table des discussions la semaine prochaine lors d’une rencontre qui sera consacrée aux actes cliniques et techniques des spécialistes. Les revalorisations de ces derniers pourraient néanmoins être très restreintes en raison de l’effort fait pour l’augmentation du C a déjà prévenu l’Assurance maladie, ce qui n’a fait que renforcer l’ire du SML. Sans se montrer aussi vif, le président du Bloc, le docteur Philippe Cuq partage les inquiétudes du patron du SML concernant l’avenir du secteur 2.
La CSMF ne signera pas dans ces conditions
Outre cette « marginalisation » regrettée des praticiens de secteur 2, les représentants des syndicats ont jugé les premières propositions largement insuffisantes. A l’instar du président de la Fédération des médecins de France (FMF) hier sur RTL, la Confédération des syndicats de médecins de France (CSMF) a fustigé la petitesse du geste. « La CNAM ne propose que deux euros de plus pour les médecins généralistes, sans aucune visibilité sur le calendrier de mise en place, et rien pour les autres médecins spécialistes ! Pire, avec ces deux euros, elle exclut la mise en place d’une grille tarifaire à quatre niveaux et envisage même de diminuer la rémunération de certaines spécialités », s’indigne l’organisation dans un communiqué. Pour elle, cette première piste confirme que « le gouvernement n’a décidemment pas compris ni le malaise de la profession, ni les enjeux majeurs de la médecine libérale et du système de santé ». Si bien sûr, d’autres discussions doivent avoir lieu, pour l’heure, la CSMF exclut clairement un accord.
Même MG France est sans enthousiasme
De son côté, la Fédération des médecins de France (FMF), dont le président n’a pas caché sa colère sur les ondes de RTL face à "l’aumône" représentée par ces deux euros, indique attendre la tenue de son Comité d’administration prévue dimanche pour « décider de poursuivre ou pas cette négociation qui traine en longueur et n’ouvre par de perspectives de revalorisation de la médecine libérale ». Enfin, MG France qui aurait pu se montrer le seul satisfait de cette annonce, reste sur la réserve, estimant que l’augmentation de deux euros du C ne saurait être suffisante. Le syndicat estime par ailleurs que « l’équité » tant recherchée avec les spécialistes ne serait pas encore parfaite, notamment avec les pédiatres, seule spécialité qui a pour l’heure fait l’objet d’une proposition de revalorisation de la part de l’Assurance maladie.
Boycott de la réunion sur le tiers payant
On le voit, les discussions ont pris un tournant résolument différent et la prochaine rencontre, mercredi prochain, qui doit être consacrée plus certainement aux spécialistes pourrait ne pas totalement apaiser ce climat. Les syndicats souhaitent en outre plus que jamais afficher un front commun et ont projeté de se rencontrer le 15 juin pour discuter une nouvelle fois de la marche à suivre. Ils seront ce jour là attendus au ministère de la Santé pour évoquer la mise en place du tiers payant ; réunion que tous, à l’exception pour l’heure de MG France, ont prévu de boycotter.
Les syndicalistes négociateurs (qui représentent des électeurs influents) devraient être confortés dans leurs positions par le climat pré-électoral actuel très propice aux "cadeaux" et au recul des pouvoirs publics comme on l'a vu très récemment avec les chercheurs, les intermittents du spectacle, les salariés de la SNCF, les routiers, les étudiants et aujourd'hui même, les maires de Fraance (pour ne citer que quelques exemples).
Aurélie Haroche