
Paris, le mercredi 8 juin 2016 – Après la séance houleuse de la semaine dernière où les syndicats ont fraichement accueilli les premières propositions de revalorisation du tarif de base de la consultation, les représentants de l’Assurance maladie et des médecins libéraux doivent se retrouver aujourd’hui pour une nouvelle séance de discussion. Cette rencontre étant dédiée aux médecins spécialistes, les tensions demeureront sans doute vives. L’Assurance maladie n’a en effet pas caché que l’enveloppe dont elle dispose (et dont elle n’a toujours pas voulu révéler le montant) ne lui permettrait pas de multiplier les revalorisations, tandis qu’elle a en outre clairement manifesté son souhait de privilégier les praticiens de secteur 1 et les adhérents au contrat d’accès aux soins (CAS).
Des syndicats qui restent autour de la table, sans conviction
C’est donc sur leurs gardes que les syndicats abordent ce nouveau round. Le Syndicat des médecins libéraux (SML), exaspéré de ne pouvoir connaître le budget de l’Assurance maladie pourrait réitérer son coup d’éclat de la semaine dernière et claquer la porte. De son côté, la branche spécialiste de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), l’UMESPE (Union nationale des médecins spécialistes confédérés) s’est montrée très préoccupée à l’issue de la tenue de son comité directeur ce 5 juin. Elle redoute en effet une nouvelle « mise de côté » de la médecine spécialisée et s’insurge contre la « ségrégation » que l’on tente d’imposer aux médecins de secteur 2. L’UMESPE refuse par ailleurs que d’éventuelles hausses des actes se fassent au prix de nouvelles décotes tarifaires pénalisant l’imagerie ou la biologie. Elle rappelle donc son souhait d’une « hiérarchisation innovante des actes de consultation ». Enfin, après avoir hésité, la Fédération des médecins de France (FMF) a indiqué dans un communiqué publié hier qu’elle maintenait sa participation aux négociations, tout en ne se montrant pas dupe. Tout en qualifiant les discussions actuelles de « pseudo négociations », l’organisation déplore « l’attitude de mauvaise foi affichée par les Caisses faite de rejets injustifiables des revendications les mieux fondées des médecins ». Face aux pâles propositions de l’Assurance maladie, la FMF continue à avancer ses revendications, partagées par les autres syndicats et notamment une échelle des tarifs avec trois paliers (30 euros, 46 euros et 75 euros), l’aménagement d’un espace de liberté tarifaire pour tous ou encore la mise en place d’un « forfait structure ».
Pour une "déconvention "
Alors que l’issue de ces négociations est plus qu’incertaine et que la bataille des syndicats sera âpre, l’Union française pour une médecine libre (UFML) ne faillit pas à sa réputation de trublion et appelle à une réunion ce 11 juin à Toulouse de l’ensemble des professionnels de santé. Ces « négociations déconventionnelles » doivent permettre de dresser un « état des lieux », d’évaluer les « forces en présence » et d’élaborer un « mouvement unitaire ». Cette rencontre devrait être une nouvelle fois l’occasion de dénoncer le pouvoir et la place jugée délétère des mutuelles, un diagnostic partagé par certains syndicats et notamment par la FMF. Il s’agira également de dénoncer le mépris des pouvoirs publics et d’appeler le monde de la santé à un sursaut.
Cette réunion devrait être retransmise en direct sur l’application Periscope.
Aurélie Haroche