Verser son sang sans pouvoir le donner : après Orlando, le débat sur l’exclusion des donneurs gays relancé

Miami, le lundi 13 juin 2016 – A l’instar de ce qui avait été observé en France au lendemain des attentats du 13 novembre, il a à peine été nécessaire aux autorités nationales et locales de sonner la mobilisation pour que des milliers de personnes viennent faire don de leur sang à Orlando et dans toute la Floride au lendemain du massacre qui a tué au moins 50 personnes et blessé 53 autres dans une boîte de nuit fréquentée par la communauté homosexuelle.

Très vite, dimanche matin, d’interminables files d’attente se sont formées devant les centres de collecte de la ville d’Orlando, dont les coordonnées communiquées par la police de la ville, ont été largement relayées par les réseaux sociaux. L’afflux a été tel que certains établissements ont invité les donneurs à reporter leurs dons dans les jours à venir.

De l’Italie ou Canada : une ouverture différente

Cependant, cet élan de solidarité s’est accompagné d’un regret exprimé par une grande partie de la communauté homosexuelle : bien que touchés en plein cœur, les homosexuels masculins ne peuvent pour la plupart faire don de leur sang aux Etats-Unis. Depuis le mois de décembre dernier, le pays applique les mêmes règles que celles qui seront en vigueur dans quelques semaines en France : le don est possible pour les sujets abstinents depuis au moins un an. On le sait, cette mesure suscite la controverse (comme le soulignait une tribune publiée ce samedi sur notre site). Quand certains défenseurs de la cause LGBT (Lesbian Gay Bi Transsexuel) regrettent que les mêmes règles ne soient pas appliquées aux homosexuels et aux hétérosexuels (soit en France une restriction de quatre mois après tout rapport à risque), d’autres, comme par exemple dans notre pays l’association Aides considère qu’il s’agit d’un juste compromis pour permettre de lutter contre les discriminations touchant les homosexuels et de limiter le risque de transmission d’agents infectieux, notamment du VIH, par transfusion. Les mêmes arguments sont développés aux Etats-Unis et le drame d’Orlando n’a fait que renforcer la voix de ceux qui regrettent que l’ouverture du don du sang n’ait pas été plus large, à l’instar de ce qui a été décidé dans quelques rares pays comme l’Italie ou les mêmes règles s’appliquent pour les hétérosexuels et les homosexuels. Cependant, la plupart des autres pays ont adopté une position similaire à celle de la France et des Etats-Unis voir ont maintenu une politique plus ferme comme le Canada où 5 ans d’abstinence doivent être observés.

Donnez pour moi

Dans l’émotion suscitée par le drame, les arguments médicaux  n’ont pu être parfaitement entendus. Les réseaux sociaux se sont enflammés sur le sujet. Après qu’ait été démentie la rumeur selon laquelle l’un des centres d’Orlando acceptait exceptionnellement tous les donneurs, les regrets continuaient à s’exprimer avec ardeur. « C’est légal d’acheter un fusil AR-15. Mais c’est illégal pour un homme gay de donner son sang pour venir en aide aux victimes du massacre. Le monde n’a aucun sens » a-t-on ainsi pu lire sur Twitter. Dans d’autres cas, les messages étaient plus sereins, appelant principalement les hétérosexuels à se montrer solidaires. C’est ainsi que Brian Sims, élu démocrate homosexuel de Pennsylvanie a souhaité que la population puisse faire un don du sang de sa part.

Sécurité publique

La question du don du sang n’a pas été le seul thème intéressant la défense des droits des homosexuels largement évoqué au lendemain du drame. Alors que plusieurs états américains, principalement républicains se sont lancés ces derniers mois dans une étonnante guère des "toilettes" en souhaitant interdire aux personnes transsexuelles l’accès aux sanitaires féminins, Jeremy Moss, élu du Michigan qui ne cache pas son homosexualité a ironisé : « Je ne veux absolument plus jamais entendre que les personnes LGBT dans les toilettes sont une menace pour la sécurité publique ».

Aurélie Haroche

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