Aides satisfait des nouvelles conditions pour le don du sang pour les HSH

Paris, le samedi 11 juin 2016 – La journée mondiale du don du sang qui sera célébrée ce 14 juin a été ces dernières années l’occasion pour les défenseurs des droits des homosexuels de militer pour la suppression de l’exclusion du don du sang des hommes ayant eu dans leur vie des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Cette revendication a fait l’objet en France (et dans d’autres pays) de nombreux débats et atermoiements. En raison du contexte épidémiologique de l’infection par le VIH chez les homosexuels, le risque d’une transmission du virus par voie transfusionnelle en cas d’inclusion de donneurs HSH ne peut en effet être écarté, même s’il demeure très faible.

Finalement, la France, à l’instar de la plupart des pays occidentaux a choisi de modifier les critères empêchant de pouvoir donner son sang. Le fait d’avoir eu, pour un homme « un rapport sexuel avec un autre homme » est pendant douze mois et non plus à vie une contre-indication pour le don de sang total et l’aphérèse. Concernant le don de plasma par aphérèse pour plasma sécurisé par quarantaine, la contre-indication court pendant quatre mois après une situation à risque pour tous les sujets. Ces nouvelles règles qui entreront en vigueur dans quelques semaines ont été considérées comme encore trop restrictives par certaines associations défendant les droits des LGBT(Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels) . Sos Homophobie aurait notamment souhaité que les mêmes règles s’appliquent à tous : soit une exclusion pendant quatre mois après n’importe quelle pratique à risque (parmi lesquelles un rapport homosexuel masculin). Ce regret n’est pas partagé par toutes les organisations.

Depuis toujours l’association Aides, bien que luttant activement contre la stigmatisation des populations LGBT se montre prudente sur cette question de l’accès au don du sang. Dans une tribune écrite pour le JIM le président de cette organisation, Aurélien Beaucamp revient sur ce sujet et explique pourquoi les critères fixés aujourd'hui lui paraissent répondre de manière satisfaisante aux enjeux.

Par Aurélien Beaucamp, président de AIDES

Le don du sang est régi par des impératifs de sécurité transfusionnelle, afin de réduire les risques de transmission de pathogènes, dont le VIH ou les virus des hépatites, lors des transfusions ou de l’administration de produits sanguins. Cette sécurité repose notamment sur la sélection des donneurs, l’entretien conduit par le médecin avec le donneur avant le don, l’analyse biologique et le dépistage des prélèvements, ainsi que sur des mesures techniques de traitements des lots.

Jusqu’à présent, les hommes ayant eu dans leur vie des relations sexuelles avec des hommes (HSH) étaient exclus du don du sang. Cette interdiction n’est pas spécifique aux HSH, et d’autres critères sont retenus pour exclure certaines personnes du don du sang, de façon permanente ou temporaire (séjour dans certains pays, changements de partenaires, …).
Avec la disposition du projet de loi de Santé, de nouveaux critères de sélection devaient être définis. De nombreux acteurs associatifs et institutionnels, dont AIDES, ont participé depuis mai 2015 à un processus de consultation initié par la direction Générale de la Santé afin de préciser les modalités de l’inclusion des HSH dans l’organisation de la collecte de sang, en évaluant leurs conséquences sur la sécurité transfusionnelle.

Un contexte incontournable

L’exclusion du don du sang des HSH était considérée comme une discrimination par de nombreux partenaires associatifs gays et LGBT. De son côté, AIDES ne s’est jamais mobilisée sur cette question. Nous comprenons ce sentiment de stigmatisation et de discrimination, mais nous ne pouvons pas ne pas prendre en compte le contexte épidémiologique du VIH qui augmente considérablement le risque de contamination pour les HSH. Cette forte prévalence du VIH chez les hommes bi et homosexuels (40% des nouvelles contaminations par le VIH se concentrent aujourd’hui chez les HSH), associée aux différences entre risques réels et risques perçus (autrement dit une mauvaise évaluation du risque lié aux pratiques)  implique une augmentation statistique du risque de contamination des HSH et donc du risque résiduel de transmission pour les personnes bénéficiaires du don du sang.

Une solution satisfaisante

Suivant une position constante guidée par les impératifs de sécurité transfusionnelle, AIDES a ainsi soutenu l'évolution des critères d'inclusion dans le don du sang telle qu'elle a été officialisée en octobre 2015 par la Ministre de la Santé, et qui met fin à l'exclusion définitive des HSH du don du sang. Cette évolution des critères permettra notamment aux HSH de faire un don de plasma sécurisé suivant des critères d'inclusion équivalents à ceux s’appliquant face à diverses pratiques sexuelles entre hommes ou non. Elle maintient par ailleurs un ajournement de 12 mois après la dernière relation sexuelle entre hommes pour le don de sang total, au lieu de l’ajournement permanent en vigueur auparavant.

Un élargissement futur à l’étude

AIDES, avec d’autres partenaires consultés, a également insisté sur la nécessité d'inscrire officiellement dans un calendrier le recueil de données et les recherches à mener pour permettre et sécuriser l'évolution possible des critères d'inclusion en s’assurant d'un maintien au même niveau optimal de la sécurité transfusionnelle actuelle. C'est pour cette raison que des données devront être recueillies par le biais notamment de la filière spécifique de don de plasma sécurisée ouverte aux HSH. Ce recueil de données pourrait permettre dans les prochaines années de faire évoluer les critères d'inclusion et d'élargir le nombre de donneurs potentiels sans affaiblir la sécurité transfusionnelle pour les bénéficiaires.

Améliorer les conditions d’accueil des donneurs

Afin d’améliorer l’accueil des HSH qui souhaitent donner leur sang et en vue d’une amélioration de la compliance, AIDES recommandait par ailleurs une formation adaptée des professionnels de santé, finalement inscrite dans l’arrêté publié début avril. Plus largement l'amélioration des questionnaires, la conduite des entretiens et la manière dont les donneurs qui sortent des critères d'inclusion sont accompagnés ont été largement abordées lors des réunions organisées par la DGS. Des dispositions ont été prises et devraient permettre de faire reculer le sentiment de discrimination tout en orientant mieux vers le dépistage et le soin les personnes les plus exposées au risque d’infection à VIH.

Pour permettre un élargissement du don du sang, il faut lutter contre le VIH

Nous considérons comme relevant de notre responsabilité, à AIDES et pour les organisations communautaires gays, LGBT et de lutte contre l’homophobie, d'expliquer pourquoi ces critères d'inclusion sont mis en place, suivant quelles logiques, et pourquoi il est important de les respecter par égard pour les bénéficiaires du don du sang qui restent les premières personnes concernées par ce dispositif.

Si nous voulons que les critères d'inclusion dans le don du sang évoluent pour les HSH, à nous de nous concentrer sur l'objectif qui nous mobilise à AIDES : faire reculer l'épidémie de VIH chez les HSH, par tous les moyens dont nous disposons.

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