
Strasbourg, le mardi 21 juin 2016 - Lors d'un colloque organisé ce dimanche à Strasbourg par « Lyme sans frontières », le Pr Luc Montagnier, prix Nobel de médecine et parrain de l'association, a affirmé qu’« il est lamentable que les pouvoirs publics et les autorités de santé n'aient pas une politique cohérente sur la maladie de Lyme. (…) Il y a actuellement une ignorance totale sur le sujet, d'une grande partie de la communauté médicale et scientifique ».
Si les épidémiologistes dénombrent 27 000 patients par an, cette association évalue qu’il y aurait dix fois plus de cas, une sous-estimation qui serait liée à la déficience des tests proposés en France pour diagnostiquer la maladie.
Bientôt le test Montagnier ?
Selon le Pr Montagnier et d’autres spécialistes de la maladie de Lyme, les tests Elisa donnent de trop nombreux faux négatifs car ils sont basés sur la détection d'anticorps et que certains patients n'en développent pas. Aussi, a-t-il élaboré, au sein de l'Institut de recherche qui porte son nom à Paris, une méthode de diagnostic consistant à détecter dans le plasma sanguin des traces de l'ADN de la bactérie.
« À mon avis, ce test est plus fiable » a-t-il estimé tout en convenant que cette approche n'était « pas reconnue par un certain nombre de scientifiques, si bien qu'on a du mal à la valider ».
Des procès à venir
Les malades veulent aujourd’hui défendre leur cause devant la justice : « il y aura des responsabilités à chercher contre l'Etat, qui a validé et imposé un protocole de test dont on sait qu'il n'est pas fiable », plaident les uns, tandis que d’autres s’apprêtent à porter plainte contre les laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent ces outils de dépistage.
L'association est également impliquée dans la défense de la biologiste Vivianne Shaller et de Bernard Christophe, diplômé en pharmacie (mais non inscrit à l’Ordre) qui comparaîtront le 7 octobre devant la cour d'appel de Colmar pour escroquerie à l’Assurance maladie pour la première et exercice illégal de la pharmacie pour le second. Il est reproché à Viviane Shaller d’avoir modifié le protocole de diagnostic de la maladie de Lyme en réalisant systématiquement un double examen, ce qui aurait entraîné des remboursements indus, s’élevant à plus de 200 000 euros et à Bernard Christophe d’avoir commercialisé pendant plusieurs années un produit à base d’huiles essentielles, Tic Tox, non officiellement reconnu comme un traitement de cette pathologie. Les deux professionnels étaient par ailleurs soupçonnés de complicité. Condamnés tous deux en première instance à 9 mois de prison avec sursis et à d’important dommages et intérêts, ils sont considérés comme des « lanceurs d'alerte » par les membres de Lyme sans Frontières.
Frédéric Haroche