
Paris, le mardi 12 juillet 2016 - La chambre disciplinaire ordinale de première instance du Languedoc Roussillon a en fin de semaine dernière annoncé la radiation du professeur Henri Joyeux. Le praticien, à l’origine d’une pétition ayant rencontrée un très grand succès et mettant en cause la dangerosité supposée du vaccin hexavalent DTPolio-Hib-Coqueluche-Hépatite B (Infanrix Hexa) a été notamment sanctionné en raison de l’émission d’un « discours qui peut être dangereux pour la population ». Le praticien a indiqué ce matin sur les ondes de RTL sa volonté de faire appel. « Il est évident que je vais faire appel et l’appel est suspensif. Je continuerai à consulter, à conseiller » a-t-il indiqué. A ses yeux, cette radiation a été soufflée par le « ministère de la Santé et le Conseil de l’Ordre national qui cherchent à me faire taire mais ils n’y arriveront pas ». Le praticien juge notamment incohérent le motif de la sanction : il assure en effet ne pas être opposé aux vaccins, mais hostile aux « abus de vaccination ».
Crottin de cheval
Cette argumentation est récurrente chez le Pr Joyeux, mais relève en réalité de la posture. A plusieurs reprises il a ainsi pu être mis en évidence que sa défiance vis-à-vis des vaccins dépassait largement sa seule volonté de dénoncer la pénurie (réelle) de vaccins quadrivalents ou pentavalents. Ainsi, plusieurs médias ont tenu à signaler au praticien qu’il était possible aux familles souhaitant uniquement se conformer aux obligations vaccinales d’obtenir un kit gratuit DT-vax+imovax mis à la disposition des médecins par Sanofi Pasteur (mais également sujet à des ruptures de stock) pour répondre aux cas où des contre-indications médicales ou des objections de différents ordres empêchent l’utilisation d’autres vaccins. Face à cette précision, le professeur Joyeux avait fini par répondre à Top Santé au printemps 2015 : « La vraie question : ces 3 maladies DTP étant éradiquées grâce à l'hygiène publique, est-il nécessaire de maintenir la vaccination obligatoire ? Seuls certains enfants en ont vraiment besoin, ceux qui travaillent dans les écuries ou dans les sols souillés par du crottin de cheval. En ont également besoin les enfants vivant dans des pays en guerre ou l'hygiène publique est déplorable. Quant à dire que toute plaie exige une vaccination antitétanique, oui si elle est vraiment souillée, sinon pas nécessaire. C'est au médecin à en juger » avait-il répondu, témoignant que contrairement à ce qu’il affichait précédemment, son opposition à la vaccination va plus loin qu’un simple désir de faire face à une situation de pénurie.
L’énergie vitale des abeilles !
On relèvera pareillement que sur son site, il estime que « Mieux vaut (…) allaiter son enfant pour éviter une telle vaccination trop tôt » (à propos du vaccin hexavalent). Sur ce portail, il apparait que le praticien ne refuse pas systématiquement toutes les vaccinations, mais certaines assertions permettront de constater que les griefs de l’Ordre n’ont sans doute pas été fortement exagérés. On peut ainsi lire que : « Ce qu’il faut bien comprendre, au total, c’est que la vaccination ne se justifie qu’en cas de situations de risques » : c’est ainsi par exemple qu’il ne préconise la protection contre la rougeole, qu’en cas d’alerte épidémique. On retiendra qu’il ajoute encore : « Pour ce qui me concerne tant que je suis en bonne santé, grâce à l’alimentation et à une saine activité physique, il n’est pas question de me faire vacciner. Je préfère l’énergie vitale que me procurent les amis des abeilles (…) qui mélangent miel + propolis + gelée royale + ginseng + papaye + acérola à raison d’une cuillerée à café chaque matin au petit-déjeuner entre octobre et mars ». Des considérations qui permettront de nuancer la thèse défendue par le praticien lui-même selon laquelle ses propos demeureraient inattaquables et sans réel danger pour ceux qui les écoutent sans nuance.
Aurélie Haroche