Le diagnostic dermoscopique de mélanome, un exercice difficile

Cent trente praticiens expérimentés en dermoscopie ont participé à un exercice proposé sur le site Internet de l’International Dermoscopy Society. Il s’agissait d’examiner des lésions pigmentaires, naevus et mélanomes, afin non pas de poser un diagnostic (au contraire, un diagnostic a priori peut constituer un biais) mais de déterminer la présence ou l’absence des critères dermoscopiques connus.

C’est ensuite que les auteurs ont examiné la concordance entre observateurs pour chaque critère, l’association au mélanome, et la précision diagnostique obtenue avec un des six algorithmes utilisés dans la littérature.

Le premier résultat, le plus décevant, est que la concordance entre observateurs est globalement médiocre, avec quelques différences selon les critères. Ceci laisse évidemment perplexe, dans la mesure où les participants étaient des dermoscopistes actifs et motivés.

Mauvaise concordance et critères déficients

Les critères les plus significativement associés au mélanome correspondent  aux appréciations de type global, comme un désordre architectural important (odds ratio 6,6), un patron (traduction française acceptée de pattern) asymétrique (OR 4,9) plutôt que des « petits signes ». Un critère comme la présence de zones sans structure, pour lequel la concordance est une des plus élevées, est présent dans 56,9 % des mélanomes, mais aussi 47,6 % des naevus. L’existence de vaisseaux en virgule, considérée comme indicatrice de bénignité (OR 0,4) est certes deux fois plus fréquente dans les naevus, mais n’a été trouvée que dans 5,8 des naevus (et 2,6 % des mélanomes). Tout ceci explique qu’on recommande le recours à des algorithmes. Mais à part l’analyse par patrons, les algorithmes sont peu prisés. Par exemple, seulement  6,9 % des experts préfèrent la méthode de Menzies, et 10 % la check list en 10 points. En exploitant les résultats de cette enquête, on trouve que la méthode de Menzies est la plus sensible (95 %) mais aussi la moins spécifique (24,8 %).

Les auteurs concluent que des améliorations sont souhaitables. Pour cela, ils pensent à des approches utilisant l’intelligence artificielle. Celle-ci fera-t-elle mieux que l’intelligence naturelle des dermatologues dermoscopistes ?

Dr Daniel Wallach

Références
Carrera C, Marchetti MA, Dusza SW, et coll. : Validity and Reliability of Dermoscopic Criteria Used to Differentiate Nevi From Melanoma: A Web-Based International Dermoscopy Society Study.
JAMA Dermatol., 2016;152:798-80.

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