
Paris, le jeudi 29 septembre 2016 - Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) était ce mardi l’invité de France Info pour réagir au rapport de l’Observatoire national des violences en milieu de santé. Il a souscrit au constat de l’aggravation du phénomène des violences à l’hôpital et a avancé quelques pistes de réflexion.
Il a rappelé en préambule que son association a été en partie créée contre la violence à l’hôpital et que la première campagne de ce syndicat fut sur ce thème.
Prés de vingt ans plus tard, il souligne aujourd’hui : « Il y a des situations angoissantes qui sont souvent prévisibles, avec des services d'urgence qui drainent des quartiers où sévissent des bandes où vous avez parfois un radicalisme communautaire assez puissant. Cela engendre une certaine forme de sentiment d'insécurité. On peut prévoir les zones et les situations où il y a des risques d'insécurité pour les personnels ».
Pour ces zones particulièrement sujettes aux violences, il appelle les autorités, sans entrer dans le détail, à « mettre le paquet ».
Protéger les urgentistes…aussi bien que les bijoux !
Interrogé sur les liens entre délais d’attente aux urgences et violence, d’abord quelque peu interdit par la mise en évidence d’une telle corrélation dans le rapport précité, il a rappelé que tout le monde avait connu des situations d’attentes et d’agacement sans « avoir cassé la figure à qui que ce soit ». Il propose néanmoins, sur ce sujet, « un travail de fond (…). Il faut que les gens soient informés des flux. »
Mais pour lui le problème demeure beaucoup plus général : « cela a trait aux valeurs de la République, aux valeurs de la laïcité. »
Au chapitre des solutions, pour lui « les vigiles sont inutiles si on n'a pas d'effectifs suffisants en infirmières et en médecins ». Il préconise plutôt la mise en place d’un « moyen d'alerte immédiat de la police. (…) Si vous avez une agression, on appuie sur un bouton. On protège bien les bijoux et l'argent, on peut protéger les individus correctement avec un bouton qui fait que la police intervient tout de suite ! C'est déjà mis en place dans certains services d'urgence, il faut le généraliser ». Et de proposer également de « former les personnels à éviter les situations qui risquent d'engendrer la violence, comme trop de stagnation en salle d'attente. La violence est plus importante le vendredi soir et le samedi soir, car c'est là qu'il y a énormément d'états d'ébriété. Et surtout, il faut former les personnels au fait que la violence est parfois un symptôme de pathologie ».
Frédéric Haroche