
Au cours des sepsis, les baisses aiguës des taux sanguins d’hémoglobine sont d’observation courante. Des études antérieures se sont focalisées sur la prise en charge de l’anémie chez les patients admis en unité de soins intensifs à l’occasion d’un choc septique. Celle-ci a le plus souvent reposé sur l’usage agressif de transfusions sanguines visant à restaurer le plus rapidement possible l’oxygénation tissulaire. L’approche de GF Muady et coll. a été différente. Il s’agit d’une étude d’observation prospective qui s’est déroulée dans des services de médecine interne. L’objectif a été d’étudier les variations des concentrations sanguines d’hémoglobine au cours de la semaine qui a suivi l’admission de patients ayant un sepsis. Une relation entre cette variable et la survie a été recherchée.
Les taux d’hémoglobine ont été mesurés lors de l’admission et dans la semaine qui a suivi celle-ci chez les patients précédemment définis et inclus de manière consécutive au sein des départements de médecine interne d’un hôpital communautaire. Un registre a été ainsi constitué de manière prospective. Les données concernant les transfusions sanguines ont été également prises en compte. Une corrélation entre les taux d’hémoglobine de la première semaine et la survie a été systématiquement recherchée. L’effet des transfusions sanguines a été également étudié.
Au total, 815 patients atteints de sepsis ont été inclus entre février 2008 et janvier 2009. Chez plus de 20 % d’entre eux, les taux d’hémoglobine au moment de l’admission étaient inférieurs à 10g /dL. Dans la semaine qui a suivi, ce nombre a doublé. Globalement, 68 participants (8,3 %) ont reçu des transfusions sanguines et, dans 14 cas (20,6 %), en raison d’une hémorragie. Ces dernières ont concerné le plus souvent des sujets âgés, chez lesquels l’éventualité d’une pathologie maligne était élevée, cependant que les taux d’hémoglobine étaient en règle générale plus bas. Une relation étroite a été établie entre ces taux à l’admission et la mortalité hospitalière (odds ratio=0,83 pour 1 g/dl d’Hb ; intervalle de confiance à 95 %=0,74-0,92). Cependant, le recours aux transfusions sanguines n’est pas apparu comme un facteur indépendant prédictif de la mortalité.
En conclusion, l’anémie est très fréquente au cours des sepsis. Si les taux d’hémoglobine lors de l’admission sont corrélés à la survie, indépendamment d’autres facteurs, il n’en est pas de même pour le recours aux transfusions sanguines.
Dr Philippe Tellier