Pas (encore) de pic d’hospitalisations lié au pic de pollution

Paris, le jeudi 8 décembre 2016 – Les conditions météorologiques particulières de ce début du mois de décembre favorisent la persistance d’un pic de pollution aux particules fines et au dioxyde d’azote sur une grande partie de la France. Cette situation devrait perdurer jusqu’au moins le début de la semaine prochaine. La prolongation de cet épisode a entraîné le déclenchement de la circulation alternée à Paris depuis mardi et à partir de demain dans l’agglomération lyonnaise. Cette mesure, rare, et toujours controversée est activée après quatre jours consécutifs durant lesquels le seuil de 80 mg de particules fines par mètre cube est dépassé.

Le ministère de la Santé sur le pied de guerre

Voulue par la Mairie de Paris, à peine soutenue par un ministère de l’Ecologie aux abonnés absents et contestée par la Région, la circulation alternée est présentée comme un système permettant de protéger les plus vulnérables. Personnes âgées, jeunes enfants et sujets présentant différentes pathologies respiratoires peuvent en effet voir leur état de santé se dégrader sous l’effet de la pollution. Aujourd’hui encore, face à la persistance du pic de pollution le ministère de la Santé a rappelé les recommandations à suivre. Il s’agit pour les plus à risque d’éviter les activités physiques et sportives et de consulter immédiatement en cas de gêne respiratoire ou "cardiaque" inhabituelle. Par ailleurs, le ministère de la Santé précise qu’une information spécifique a été délivrée aux professionnels de santé. L’avenue de Ségur a notamment « demandé aux établissements de se préparer à répondre à un éventuel afflux de patients dans les zones concernées par l’épisode de pollution ». Santé Publique France est en état de veille renforcée.

Une augmentation légère des consultations aux urgences pédiatriques

Pour l’heure, les informations obtenues auprès des hôpitaux et des praticiens libéraux ne suggèrent pas d’augmentation majeure du nombre de consultations chez les patients insuffisants respiratoires, même si quelques hospitalisations ont pu être dénombrées. « Il n'y a pas eu d'effets notables dans les services d'urgences d'Île-de-France », indique ainsi dans les colonnes du Figaro le Dr François Braun, président de Samu urgences de France. « En général, cela arrive au bout de plusieurs jours de pollutions importantes. Dans ces cas-là, ce sont des patients asthmatiques ou sujets à insuffisance respiratoires qui viennent consulter » précise-t-il encore. De son côté, aujourd’hui, l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) dans le cadre de travaux conduits en son sein portant sur la relation entre pollution de l’air et survenue de crises d’asthme chez l’enfant observe « avec prudence, une augmentation modérée des pathologies respiratoires pédiatriques par rapport aux années précédentes ». Le nombre de consultation aux urgences pédiatriques est en effet passé de 1516 à 2045 entre le 30 novembre et le 7 décembre par rapport à la même période l’an passé. Néanmoins, l’AP-HP note que ces « données sont difficiles à interpréter » en raison notamment de la présence concomitante de VRS. Par ailleurs, l’étude Pollux dans le cadre de laquelle intervient cette constatation relève « une augmentation de 50% des diagnostics d’asthme entre 0 et 25 microg/m3 de particules ultrafines PM2.5 dans l’air, avec un effet plateau au-delà ». Aussi, la progression constatée ces derniers jours des consultations pourrait être liée à cet « effet plateau ».

Outre la nécessité d’un plus grand recul pour déterminer l’impact du pic, le fait qu’il survienne en hiver (époque où les activités sportives sont moins nombreuses) et que la population soit de mieux en mieux informée explique sans doute en partie la sérénité des services. Il ne fait aucun doute que si cette situation perdurait, la mairie de Paris aurait tôt fait de mettre cette absence d’impact majeur à son crédit.

Circulation alternée : polémique permanente

Certains spécialistes (qui ne compteront probablement pas parmi ceux invités cet après-midi à se réunir auprès d’Anne Hidalgo à l’Hôtel de Ville) considèrent d’une manière générale (au-delà de la multiplication des travaux sur ce sujet) que l’impact de la pollution demeure bien moindre que celui d’autres agents extérieurs, tel que le tabac. Plus certainement, la controverse entre les spécialistes porte sur l’efficacité de la circulation alternée. Le pneumologue Bertrand Dautzenberg avait ainsi affirmé en 2014 qu’elle ne comportait aucun intérêt pour la santé. L’épisode actuel ne constituera probablement pas le meilleur outil pour l’apprécier. Mardi, le trafic automobile n’a en effet été réduit que de 5 à 10 % et ce mercredi, les perturbations rencontrées sur le RER B ne devraient guère avoir amélioré ce score. A contrario, en mars 2014, des résultats significatifs avaient pu être obtenus avec une réduction de 6 % de la concentration en particule fine et de 10 % de celle en dioxyde d’azote (atteignant même 20 % aux heures de pointe) grâce à une diminution du trafic de 18 % à Paris et de 10 % dans la petite couronne. Ces résultats cependant ne convainquent pas ceux qui jugent que la circulation alternée, en permettant aux véhicules les plus polluants de rouler, manque sa cible réelle. La mise en place à partir de janvier d’une vignette antipollution pourrait permettre de pallier cette imperfection, reconnue à demi-mots par certains responsables à Paris.

Léa Crébat

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (2)

  • Il faut être aveugle...

    Le 11 décembre 2016

    Patience ! En ceci comme en cela on est toujours très pressés. Autour de moi, dans mon cabinet, tout le monde tousse et mouche, ils m'ont même contaminée.

    Et, tout est faux, les chiffres et les systèmes de mesure, comme les critères de pollution pour les voitures, dixit la jeune ingénieure qui édite le bulletin d'Airparif, elle me l'a dit au téléphone. Elle enrage aussi.

    Marie-France Hugot

  • Seule la voiture pollue ?

    Le 12 décembre 2016

    Par contre le chauffage au bois (pellets) pourtant interdit au Québec (pour cause de pollution de l'air!) lui ne produit aucun SOx, NOx et particules fines. Le mode de chauffage qui pollue le moins est de loin le chauffage électrique... mais cela embarrasse fortement nos écologistes de salon puisque seul le nucléaire peut remplacer fioul, bois, gaz... à moyen et long terme sans dénaturer l'atmosphère de nos villes!

    Dr FL

Réagir à cet article