
La mortalité associée aux IRB a été estimée en fonction de l’âge, du sexe et de la région géographique, globalement et annuellement, en recourant à une modélisation sur plateforme qui a pris en compte la plupart des causes de décès, dans le cadre du Cause of Death Ensemble model qui fait partie intégrante des méthodes de la GBD 2015 Study. Pour ce qui est de la morbidité, la modélisation a inclus l’incidence et la prévalence dans le cadre d’une métarégression sur une plateforme dénommée DisMod-MR. Les étiologies des IRB ont été précisées au moyen de deux approches contrefactuelles. La première, qui concerne les infections virales, a incorporé le risque d’IRB spécifique d’une étiologie et la prévalence de cette dernière constatée dans les épisodes d’IRB. La seconde, qui a concerné les bactéries pathogènes, a reposé sur l’approche par la vaccination pour définir les cas. L’index SDI (Socio-demographic Index) est un indicateur synthétique construit à partir des revenus per capita, du niveau d’éducation et des taux de fécondité, son objectif étant d’apprécier l’évolution de la mortalité imputable aux IRB en fonction des données socio-économiques. Les deux facteurs de risque majeurs des IRB impliqués dans le handicap en termes de DALY (disability-adjusted life-years) ont été pris en compte dans le cadre d’une analyse par décomposition pour apprécier leur contribution relative : malnutrition infantile et pollution aérienne.
Pour l’année 2015, les IRB ont été à l’origine de 2,74 millions de décès (intervalle d’incertitude à 95 % [II95 %] : 2,50 à 2,86 millions) et à 103,0 millions de DALY (II95 % : 96,1 à 109,1 millions). Ces infections ont eu un impact majeur chez les enfants âgés de moins de 5 ans, le nombre total de décès atteignant 704 000 (II95 % : 651 000-763 000) et celui de DALY, 60,6 millions (II95 % : 56,0-65,6).
La mortalité liée aux IRB a diminué en 10 ans mais il faut encore faire des efforts
Entre 2005 et 2015, le nombre de décès dus aux IRB a diminué de 36,9 % (II95 % : 31,6 à 42,0) chez les enfants âgés de moins de 5 ans et de 3,2 % pour toutes les tranches d’âge (II95 % : -0·4 à 6,9). La part des pneumonies à pneumocoques dans la mortalité imputable aux IRB tous âges confondus a été de 55,4 %, soit 1 517 388 décès (II95 % : 857 940-2 183 791). Entre 2005 et 2015, la réduction de la pollution aérienne a été associée à une diminution de 4,3 % des DALY en rapport avec une IRB versus 8,9 % pour ce qui est de la contribution du succès obtenu dans la lutte contre la malnutrition infantile.Au total, les IRB représentent la principale cause de décès lié à une infection et la cinquième cause pour ce qui est de la mortalité globale. Elles sont à la deuxième place en terme de DALY. D’un point de vue global, le poids des IRB a diminué de façon très importante au cours des dix dernières années chez les enfants âgés de moins de dix ans. Dans de nombreuses régions, en revanche, ce poids a augmenté chez les sujets âgés de plus de 70 ans. Les IRB conservent de fait le statut de maladie largement accessible à la prévention, au même titre que la mortalité qui leur est imputable.
Il faut poursuivre les efforts pour diminuer la pollution de l’air intérieur et ambiant. Il importe aussi de lutter contre la malnutrition infantile et d’utiliser sur une plus grande échelle le vaccin antipneumococcique, que ce soit chez l’enfant ou chez l’adulte. Ces mesures sont appelées à jouer un rôle essentiel dans la réduction de la charge globale représentée par les IRB.
Dr Philippe Tellier