Paris, le mercredi 25 octobre 2017 – Cent-huit assignations contre
les laboratoires Merck Serono qui commercialisent le Lévothyrox
viennent d’être déposées devant le tribunal d’instance de Lyon. Une
première audience a été fixée le 18 décembre. Jusqu’à cette date,
les avocats des patients envisagent de déposer cent assignations
supplémentaires chaque semaine. Jusqu’à 3 500 plaignants devraient
être « réunis à terme dans cette action collective et conjointe
visant à obtenir rapidement l’indemnisation des malades » a
indiqué Maître Christophe Lèguevaques. Ce dernier et ses confrères
indiquent vouloir demander une indemnisation forfaitaire de 10 000
euros par demandeur : « Soit 5 000 euros de préjudice résultant
du défaut d’information et 5 000 euros provenant du préjudice
d’angoisse » détaille Maître Lèguevaques. Pour "légitimer"
cette action, les avocats mettent en avant l’absence supposée
d’information des patients par les laboratoires. Sur ce point et
sur l’ampleur de l’affaire, on ne peut d’ailleurs exclure une
légère (?) tendance à la surenchère des avocats. Ainsi, quand pour
France TV Maître Lèguevaques estime que « Les laboratoires
savaient que 3 à 5 % des malades allaient déclencher des effets
indésirables forts » pour l’AFP il se montre plus précis et
alarmant en indiquant que : « Les laboratoires Merck savaient
que 5 à 7 % des malades devraient faire face à des troubles plus ou
moins importants. Ils ont eu très vite des retours en ce sens mais
n’ont réagi que début octobre ». Par ailleurs, il assure que
chaque jour une trentaine de nouveaux dossiers sont reçus à son
cabinet. Cette judiciarisation est observée avec une forte
irritation par de nombreux praticiens qui s’inquiètent des faux
espoirs donnés aux patients et qui pour certains n’ont guère
apprécié les mesures de facilitation de dépôt de plainte mises en
place par les tribunaux (il est vrai pour alléger également le
travail de la justice).
Une demande de révocation du directeur de l’ANSM !
Après Merck, il ne faut pas exclure que d’autres institutions
soient la cible d’actions semblables. Toujours conquérant,
Christophe Lèguevaques indique ainsi sur France TV à propos de
l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) : « Le
moment venu, nous allons peut-être saisir le tribunal administratif
contre l’ANSM et nous pourrions demander par exemple la révocation
du directeur qui n’a pas été à la hauteur. Nous sommes en train
d’étudier cette piste, nous verrons ». L’Ordre des médecins,
épinglé la semaine dernière après la révélation d’un courrier
interne diffusé aux médecins les appelant à la prudence vis-à-vis
des patients se plaignant d’effets secondaires de la nouvelle
formule du Lévothyrox, pourrait également être dans la tourmente.
Enfin, les actions des patients ne sont pas uniquement judiciaires
: reçus à la fin de la semaine dernière au ministère de la santé,
plusieurs membres du collectif Facebook Agir pour le retour de
l’ancienne formule Lévothyrox ont exigé la reprise de la
commercialisation en France de cette dernière. Le rappel de la mise
à disposition à partir de mi-novembre de cinq spécialités à base de
lévothyroxine (y compris l’ancienne formule présente sur le marché
français de manière temporaire) ne paraît nullement apaiser les
esprits.
Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.