Les questions posées aux étudiants distinguaient le sexisme quotidien ou ordinaire (blagues, remarques à connotation sexuelle) du harcèlement (gestes, violences sexuelles).
86 % des étudiants en médecine confrontés à des comportements sexistes
D'après ce sondage, dont les résultats ont été rendus publics ce
vendredi, 86 % des étudiantes et des étudiants ont été confrontés à
des comportements sexistes dont 8,6 % à du harcèlement sexuel. Dans
le détail, 6,6% s’en déclarent victimes et 2%, qui ne s’identifient
pourtant pas comme des victimes, ont donné des réponses qui
caractérisent cette situation. En outre, 34 % relèvent des «
attitudes connotées », comme le contact physique ou le geste
non désiré (65 %), la simulation d’acte sexuel (9 %), la demande
insistante de relations sexuelles (14 %) ou le chantage à
connotation sexuelle (12 %).
Selon cette étude, 88,4% des internes déclarent avoir été témoins
de blagues sexistes dont 35% de manière répétée, et dans 48 % des
cas, ce sont des supérieurs hiérarchiques qui en seraient à
l'origine et en particulier au bloc opératoire (un quart des actes
déclarés).
Cette banalisation serait, selon l’ISNI dû en premier lieu à
l’absence totale d’information, de dialogue et de prévention sur le
sujet… ainsi que l’invocation systématique de l’humour.
Les patients ne sont pas en reste !
Mais le sexisme vient aussi des patients, qui, quand ils
croisent une femme en blouse, pensent d'abord qu'elle est
infirmière, et s'adressent plus volontiers à des hommes : selon
l'étude menée par l'INSI, lorsqu’un interne entre dans la chambre
d’un patient, dans 1,5 % des cas, il est pris pour l’infirmier. En
revanche, lorsqu’une interne entre dans la chambre d’un
patient, elle est considérée comme infirmière dans 71,50 %
des cas. Preuve, que dans l'esprit des patients, l'expertise
médicale est encore largement masculine.
Les salles de gardes innocentées ?
Le directeur de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris a récemment fait part de son souhait que soient repeintes certaines fresques de salle de garde trop grivoises. Mais le président de l’ISNI, Olivier Le Pennetier fait valoir à France Info que « concernant la question des internats, ou "salles de garde", ce sont des lieux un peu compliqués à cerner, car c’est très difficile à généraliser : à l’échelle du territoire, dans beaucoup de ces salles il ne se passe rien de particulier, dans d’autres il y a des fresques sexistes, d’autres franchement pornographiques. L’important nous semble être que les internes puissent en parler, que la parole soit libre sur ce sujet. Mais notre enquête montre une chose : ce n’est absolument pas dans ces lieux que les évènements rapportés sont les plus fréquents. La raison est simple : les principaux auteurs des agissements en sont des médecins et supérieurs hiérarchiques, qui ne vont donc pas dans ces internats ».La paillardise carabine a donc (peut-être) encore une place dans une société débarrassée du sexisme…
Frédéric Haroche