
Chaque hiver, l’épidémie de grippe est à l’origine de nombreux décès parmi les personnes âgées à risque majeur de complications sévères. Les infections invasives à pneumocoques sont elles aussi responsables d’un taux de mortalité élevé, malgré des traitements bien codifiés et un nombre important d’antibiotiques efficaces.
Des vaccinations existent pourtant pour la grippe et les infections invasives à pneumocoque. Elles ont prouvé leur innocuité et leur efficacité dans la prévention et le contrôle des infections et sont maintenant recommandées dans de nombreux pays. Certaines revues systématiques ont toutefois fourni des résultats contradictoires concernant l’efficacité de ces vaccins dans la population la plus âgée.
Une étude prospective a donc été menée dans 8 pays européens, avec comme objectif d’établir la prévalence de la vaccination contre la grippe et contre les infections à pneumocoque et évaluer leur association avec la mortalité toutes causes chez des patients âgés et fragiles vivant dans des résidences de personnes âgées médicalisées (EHPAD).
Au total 3510 sujets ont été inclus, de 84,6 ans d’âge moyen. Parmi ceux-ci 81,7 % étaient vaccinées contre la grippe et 27 % contre le pneumocoque. Pendant le suivi qui durait 1 an, 727 personnes sont décédées (20,7%).
Une baisse de la mortalité de 20 % avec le vaccin grippe
La vaccination contre la grippe semble bien avoir un effet protecteur, puisque, après ajustement pour plusieurs facteurs potentiellement confondants comme l’âge, le sexe, le nombre de comorbidités, la dépression et le statut cognitif et fonctionnel, la mortalité toutes causes parait réduite de 20 % chez les personnes vaccinées (HR 0,80 ; intervalle de confiance à 95% [IC] 0,66 à 0,97). Cet effet est encore amélioré quand elles sont vaccinées à la fois contre la grippe et contre le pneumocoque (0,72; 0,57 à 0,91). En revanche, la seule vaccination contre le pneumocoque, ne parait pas avoir d’effet statistiquement significatif sur la mortalité (0,52; 0,25 à 1,06).
Malgré cette absence de significativité de l'effet du vaccin pneumococcique administré seul sur la mortalité, pour A Poscia et coll., leur étude confirme l'intérêt d’améliorer la couverture vaccinale des personnes âgées fragiles institutionnalisées, contre la grippe et le pneumocoque. Ils estiment que tous les professionnels de santé devraient être mobilisés et tirer profit de toutes les opportunités pour vacciner cette population à haut risque.
Dr Roseline Péluchon