
Une prise en charge correspondant à son état au moment où elle a été vue
La complication est rare même si certains symptômes chez l’adulte (la présence de céphalées notamment) doivent inciter à la vigilance. Cependant, le chef du service des urgences de l’hôpital Édouard Herriot, Karim Tazarourte estime que la prise en charge de Leana correspondait à son état au moment où elle a été vue aux urgences.S’il admet que les risques des otites chez l’adulte pourraient faire l’objet d’une communication plus précise aux familles, il estime légitimement impossible de procéder à un examen d’imagerie plus complet pour chaque patient en raison de la rareté de ce type de complications. Si la famille de Leana est bien déterminée à entamer une action judiciaire, les arguments de l’organisation hospitalière auront un poids certain.
Catastrophe
Cependant, ce triste cas illustre une nouvelle fois les difficultés rencontrées dans les services d’urgences. La longue attente de Leana ne peut qu’interpeller ; même s’il est peu probable qu’écourtée la prise en charge aurait été différente (si ce n’est qu’une plus faible fréquentation ou des moyens augmentés faciliteraient peut-être davantage le repérage des cas exceptionnels). Les infirmières et les médecins de ces services dénoncent aujourd’hui fortement cette situation intolérable. A Lyon notamment, une grève touche successivement toutes les unités d’urgences. Sans avoir été initié par les syndicats, le mouvement a débuté aux urgences de l’hôpital Lyon-Sud il y a neuf semaines. Il a ensuite touché Édouard-Herriot et le centre hospitalier privé d’intérêt collectif Saint-Joseph/Saint-Luc, tandis que des services de spécialité sont également désormais concernés. « La grève pourrait devenir nationale parce qu’on partage tous la même préoccupation, on se sent en danger », estime cité par le Monde Loïc Juvigny infirmier à l’hôpital Lyon-Sud. Les revendications ne sont pas salariales mais concernent directement les conditions d’accueil et la sécurité des patients. « Quand une personne âgée vous dit qu’elle a froid et que vous ne pouvez que lui proposer des draps en papier, c’est dur à vivre » témoigne par exemple Marion Mathieu, aide-soignante au pavillon N de l’hôpital Édouard Herriot. De son côté, Loïc Juvigny fait état de préoccupations plus angoissantes encore : « Chaque jours on a peur qu’il arrive une catastrophe, qu’un patient se retrouve très mal ou qu’il décède parce qu’on n’aura pas eu les moyens de le traiter à temps, c’est très éprouvant ».Ce n’est probablement pas exactement ce qui est arrivé à Leana, mais peut-être que sa disparition tragique pourrait être l’occasion de mettre en lumière la fragilité extrême des services d’urgence en France.
Aurélie Haroche