
L’Australie est un pays leader dans la lutte contre le tabagisme, ayant fait diminuer la consommation dans la population générale de 24 % en 1991 à 12 % en 2013. Côté obstétrique, les recommandations sont de dépister un tabagisme lors de la première consultation prénatale puis pour toutes les fumeuses ou celles ayant arrêté depuis moins d’un an, de donner des conseils à chaque consultation. La méthode des 5 A (Ask, Advise, Assess, Assist and Arrange follow-up soit : Demander, Conseiller, Évaluer, Soutenir, Organiser le suivi) fait référence mais si toutes les femmes sont effectivement interrogées sur leur statut, seule la moitié reçoit des conseils pour arrêter et est réinterrogée au cours de la grossesse. Comment améliorer ces résultats ? C’est ce qu’une étude a cherché à déterminer en interrogeant 27 sages-femmes et obstétriciens.
Un dépistage mais pas de suivi
Si demander fait partie de leur pratique habituelle, la question étant un des items du dossier médical, l’évaluation et le soutien sont plus problématiques, quant au suivi il se borne souvent à renvoyer la patiente vers les institutions spécialisées. La raison : les connaissances en matière d’addictions, d’obstacles à l’arrêt ou de substituts nicotiniques ressenties comme insuffisantes, même chez les plus récemment diplômés ; un dossier informatique qui ne facilite pas la transmission d’informations d’une consultation à l’autre, un manque de temps dans une consultation qui aborde déjà de nombreux sujets.Les professionnels craignent que le tabac devienne un sujet phare qui éclipse les autres, que les femmes se sentent coupables, alors que selon certains il ne s’agit pas d’une addiction mais d’un choix de style de vie. Ils considèrent souvent que c’est un domaine personnel et que les femmes pourraient avoir l’impression qu’elles sont jugées.
L’amélioration de la prise en charge du sevrage tabagique pendant la grossesse passe donc évidement par la formation qui devra couvrir des champs aussi vastes que la complexité de la démarche d’arrêt, l’addiction ou les entretiens motivationnels. Le dossier obstétrical, lorsqu’il est informatisé, doit également pouvoir permettre un suivi facilité.
Marie Gélébart