Affaire Vincent Lambert : le CHU se prononce une nouvelle fois pour l’arrêt des traitements

Reims, le mardi 10 avril 2018 - Au terme d'une quatrième procédure collégiale conduite par le docteur Vincent Sanchez (service de soins palliatifs et unité patients cérébrolésés du CHU de Reims) l’équipe en charge de Vincent Lambert s’est de nouveau prononcée en faveur d'un « arrêt des traitements ». Ce quarantenaire est plongé dans un état végétatif depuis 2008. Si une partie de sa famille considère qu’il aurait préféré ne pas être maintenu artificiellement en vie, d’autres de ses proches refusent cette idée et d’innombrables procédures judiciaires ont révélé leur opposition. Pour les médecins, les soins qui lui sont actuellement prodigués relèvent d’une « obstination déraisonnable ».

Cette décision est similaire à celle prise initialement en 2013. Après de nombreux rebondissements judiciaires, deux autres procédures avaient suivi mais sans aboutir, les médecins ayant jugé que « les conditions de sérénité » requises n'étaient pas réunies.

A la lecture des conclusions des médecins,  François Lambert, le neveu de Vincent Lambert, qui soutient l’arrêt des soins a commenté : « c'est un maintien artificiel en vie, il y a un corps qui souffre (…) Ca veut dire qu'on n'est pas sûr que Vincent ne ressent pas la souffrance (…) Il est possible, il est envisageable que Vincent vive un calvaire ».

Des répercussions pour des centaines de patients ?

« Nous contestons le fait que Vincent soit en situation d'obstination déraisonnable : nous sommes en présence d'une décision d'euthanasie, d'arrêt de vie, et Viviane Lambert [la mère du patient], son père, son frère et sa sœur ont reçu cette décision comme un coup de poing dans l'estomac. Ils ont assisté aujourd'hui à une condamnation à mort », a déclaré, à l’inverse, à l'AFP (Agence France Presse) Me Jean Paillot, l'un des avocats des parents de Vincent Lambert.

Les personnes défavorables à cette décision ont désormais 10 jours pour déposer un recours, délai au-delà duquel l'équipe médicale pourra mettre en place l'arrêt des traitements. Me Paillot a déjà fait savoir que ses clients saisiraient le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne en référé.

« C'est sur le terrain médical que nous allons nous placer (...) Ce n'est pas un recours de principe. On a fait valoir des éléments médicaux qui ont été sciemment laissés de côté par le médecin », a-t-il prévenu avant de dénoncer une « mascarade » et un médecin qui « n'y connaît rien » dans la prise en charge spécifique des malades en état végétatif.

Au-delà de ce cas propre, dans un communiqué, un comité de soutien opposé, lui aussi, à cette procédure a averti « qu'au delà de Vincent, cette grave décision aura des répercussions sur des centaines de patients dans le même état ».

Ce nouvel épisode dans l’affaire Vincent Lambert ne devrait pas manquer de s’inviter dans les débats des états généraux de la bioéthique…

X.B.