
Une équipe internationale vient de publier les résultats d’un travail réalisé sur 13 pays à revenu intermédiaire, totalisant 500 millions d’hommes fumeurs. L’objectif de l’étude était de déterminer les effets d’une hausse de 50 % du prix du tabac, en termes d’années de vie gagnées, de dépenses de santé épargnées, de nombre d’hommes évitant des dépenses désastreuses de santé et le glissement dans la pauvreté, et de recettes fiscales supplémentaires par groupe de revenus.
Davantage d’arrêts du tabac pour les moins fortunés
Avant la hausse du prix du tabac, le nombre de fumeurs était plus élevé parmi le groupe des plus pauvres (106 millions soit 20 %) par rapport au groupe des plus riches (82 millions soit 17 %). Il a été estimé que l’augmentation du prix de 50 % aboutirait à un sevrage tabagique pour 67 millions de personnes dont 23 millions dans le groupe aux plus faibles revenus vs 3 millions dans le groupe des plus fortunés.Sans aucun doute, dans ces pays à revenus moyens, la mesure favoriserait ainsi les 20 % de la population les moins riches en termes d’années de vie gagnées, par rapport aux 20 % les plus riches (1,46 années vs 0,23). Ce serait le cas aussi pour les dépenses de santé évitées (46 milliards de dollars vs 10 milliards) et les conséquences sociales secondaires à des dépenses importantes. Environ 8,8 millions d’hommes, la moitié parmi les 20 % les moins favorisés, éviteraient de tomber dans l’extrême pauvreté, ce qui représente 2,4 % des personnes vivant actuellement dans l’extrême pauvreté dans ces pays. En revanche, les fumeurs les plus riches contribueraient deux fois plus que les plus pauvres aux 122 milliards de taxes supplémentaires récoltées par cette mesure.
Ces constatations vont à l’encontre de l’idée communément répandue que l’augmentation des taxes sur le tabac pénalise d’avantage les plus pauvres. Si cela peut s’appliquer aux pays où les dépenses de santé sont entièrement prises en charge par des systèmes de santé solidaires, ce n’est manifestement pas le cas des pays où la couverture médico-sociale est faible voire inexistante.
Les auteurs en profitent pour argumenter contre d’autres idées reçues concernant les augmentations des taxes sur le tabac, accusées d’encourager le trafic de cigarettes, de provoquer la ruine des buralistes ou le chômage dans l’industrie du tabac.
Dr Roseline Péluchon