
Cependant, beaucoup espèrent que les 2 600 amendements déposés, même s’ils risquent d’être parfois lus à la hâte (la durée globale des discussions a été limitée à 30 heures), permettront d’enrichir le texte.
Le colorant plus blanc que blanc bientôt aux oubliettes ?
Les espoirs concernent notamment la limitation de substances
potentiellement toxiques qui attisent les inquiétudes. Le
gouvernement n’a pas totalement ignoré cette question. Ainsi, le
texte prévoit l’élimination des nanoparticules de dioxyde de titane
des produits alimentaires. Connues également sous le nom du
colorant E 171, les nanoparticules de dioxyde de titane offrent une
couleur blanche immaculée aux bonbons et autres mets sucrés. Le
hic, certains travaux chez l’animal, dont les résultats ont parfois
été discutés, suggéraient une éventuelle toxicité de l’additif.
L’Agence européenne de la sécurité alimentaire s’est montrée plutôt
rassurante en 2016 considérant que « les données disponibles sur
le dioxyde de titane (E 171) dans les aliments n'indiquaient pas de
problème pour la santé des consommateurs ». Les experts «
ont néanmoins recommandé que de nouvelles études soient
réalisées pour combler les lacunes dans les données relatives aux
effets possibles de cette substance sur le système reproducteur,
données qui pourraient leur permettre d’établir une dose
journalière admissible (DJA) ». Plutôt que d’attendre, compte
tenu de l’absence d’utilité nutritive et même gustative du E171, le
gouvernement plaide aujourd’hui pour l’interdiction de la substance
dans les produits alimentaires.
Vous reprendrez bien un peu de glyphosate ?
Si face à un produit peu nécessaire, les hésitations sont
faibles, elles le sont bien plus quand à une toxicité non
parfaitement prouvée s’ajoute un rôle majeur. Telle est la
situation du glyphosate. Si la substance sert d’épouvantail à de
nombreux groupes écologistes, des doutes persistent quant à
l’ampleur de ses méfaits. Aussi, la position du gouvernement est
ambiguë, à l’instar de son attitude dans le cadre du projet de loi.
Ainsi, l’interdiction du glyphosate ne figure pas dans le texte qui
a été dévoilé hier, mais plusieurs députés ont promis de soutenir
des amendements visant à imposer une date butoir pour la fin du
glyphosate, amendements qui pourraient être soutenus par le
ministère de l’Écologie.
Contenant et contenu
Le sort des amendements tendant à interdire l’utilisation de
contenants en plastique dans les cantines collectives et notamment
scolaires est plus incertain. La lutte contre les barquettes en
plastique plébiscitées par certaines structures de restauration
scolaire est un nouveau cheval de bataille de ceux qui se sont
focalisés sur les perturbateurs endocriniens. Ils sont en effet
convaincus que certaines des substances contenues dans les
plastiques représentent un véritable danger pour la santé des
consommateurs, notamment les plus jeunes, sans que la preuve ait pu
être réellement apportée. Portant ce combat, un député LREM a
déposé un amendement en vue d’obtenir la fin des contenants en
plastique, sans être persuadé de pouvoir séduire le
gouvernement.
Du risque infiniment petit aux grosses questions
De telles suggestions, si elles expriment une véritable
préoccupation pour la santé, sont quelque peu éloignées des enjeux
de santé publique globaux. Ils ne seront cependant pas tous
oubliés. Ainsi, le député Olivier Véran voudrait défendre une
obligation de l’utilisation du logo informationnel Nutriscore dans
toutes les publicités alimentaires, ce qui compte tenu de
l’importance de la lutte contre les mauvaises habitudes
alimentaires, représente un enjeu majeur de santé publique.
Enfin, dans la lignée du scandale Lactalis, les débats
devraient s’intéresser au renforcement des contrôles
sanitaires.
Aurélie Haroche