
Le test baptisé Immunoscore® a été mis
au point après que des anatomopathologistes ont noté que le
degré d’infiltration de la tumeur et des tissus environnants par
des lymphocytes reflète l’évolution d’un cancer colique.
Immunoscore, associe l'immunohistochimie des pièces opératoires à
des analyses digitales des images pour quantifier de façon précise
la densité des lymphocytes T totaux avec leur marquage CD3+ et les
lymphocytes T cytotoxiques CD8+ de la tumeur mais aussi des zones
périphériques.
Il s’agit d’une étude internationale sous l'égide de la
Society for Immunotherapy in Cancer qui a recruté 2 681
patients, provenant de 13 pays et 14 centres d'immunologie et
d'anatomopathologie (700 patients dans le groupe d’étude, 636 et 1
345 patients dans les groupes de validation).
Le test Immunoscore donne 3 niveaux de score : élevé,
intermédiaire et faible.
Plus le score est élevé, plus la réponse immunitaire est
forte.
Une bonne corrélation avec le taux de survie sans progression
La majorité des cas étaient des stades T3 (66,2 %), N0 (70,3
%) ; 11,3 % des tumeurs comportaient des mutations sur les gènes du
système MMR (Mis Match Repair) impliqués dans la réparation
des erreurs de réplication de l’ADN.
Il a été constaté une très bonne reproductibilité entre les
différents observateurs et entre les différents centres.
Un score intermédiaire a été noté dans 47,4 % des
prélèvements, un score élevé dans 26,4 %, et un score faible dans
26,2 %.
Sur un suivi moyen de 96 mois, une valeur élevée de
l’Immunoscore est apparue corrélée à un plus faible risque de
rechute.
Ces observations ont été confirmées dans les 2 autres
populations étudiées. Les pourcentages de récidive à 3 ans étaient
de 6 et 14 % pour un score élevé, 10 et 14 % avec un score
intermédiaire et 20 et 23 % avec un score faible.
Le taux de survie sans rechute est donc supérieur avec un
score élevé par rapport à un score faible (hazard ratio, 0,31 ; P
< 0,0001), avec un score intermédiaire versus un score faible
(HR, 0,57 ; P < 0,0001), et avec un score élevé par
rapport à un score intermédiaire (HR, 0,56 ; P < 0,0001).
Actuellement, les chercheurs évaluent les performances du test dans d'autres types tumoraux et étudient la réponse immunitaire aux immunothérapies.
Cette étude ambitieuse montre que l’Immunoscore a une valeur pronostique indépendante pour le cancer colique de stade I à III. Il reste à préciser la place à donner à l’Immunoscore dans la pratique clinique et son impact éventuel dans le choix de la stratégie thérapeutique (indication d’une thérapie adjuvante).
Dr Sylvie Coito