Epidémie de rougeole : un nouveau décès invite à une extrême vigilance

Paris, le jeudi 28 juin 2018 – Dans l’entourage de Julien, pas question de se laisser impressionner par les sirènes des groupes hostiles à la vaccination. Ses parents et ses plus proches étaient tous vaccinés, notamment contre la rougeole. Ils avaient parfaitement compris que face à la vulnérabilité du jeune homme, il était nécessaire d’éviter tout risque de transmission d’une maladie infectieuse facilement évitable grâce à la vaccination. Souffrant d’un déficit immunitaire congénital, Julien ne pouvait être vacciné. Si sa maladie l’avait contraint à suivre un imposant parcours médical, dont l’étape la plus délicate fut une greffe de rein il y a cinq ans, Julien, décrit comme un garçon courageux et heureux de vivre, était soucieux de travailler et d’être inséré dans la société. Une société pas parfaitement protectrice, puisque Julien a contracté la rougeole.

Et Julien est mort à l’âge de 26 ans ; quatre mois après la mort d’une jeune femme de 32 ans à Poitiers.

Des soignants pas toujours parfaitement vaccinés

Ce douloureux cas, confirmé hier par Santé publique France (SPF) et dont les détails intimes ont été révélés par Nice Matin, est un exemple tristement parfait de la nécessité d’une couverture vaccinale élevée afin, notamment, d’éviter que ceux qui ne peuvent être vaccinés, temporairement ou définitivement, ne soient touchés par une maladie potentiellement grave et mortelle pour eux. Or aujourd’hui, contre la rougeole, la couverture est notoirement insuffisante sur l’ensemble du territoire. « Aucun département n’atteint le taux requis de 95 % de couverture vaccinale (CV) à deux ans pour les deux doses de vaccin permettant d’interrompre la circulation du virus. Seuls 7 départements ont une couverture comprise entre 85 % et 90 % pour la CV 2 doses, tous les autres ayant une CV inférieure à 85 % » rappelle SPF dans un communiqué publié hier. Ce défaut de vaccination peut concerner jusqu’aux professionnels de santé, à propos desquels SPF remarque : « La mise en évidence de plusieurs foyers nosocomiaux doit inciter les soignants à mettre rapidement à jour leur propre statut vaccinal vis-à-vis de la rougeole ». La situation actuelle expose la France à un risque certain « de nouvelles vagues épidémiques d’ampleur importante au cours des années à venir ».

Baisse des nouveaux cas

De fait depuis le 6 novembre 2017, la France est le terrain d’une forte recrudescence de la rougeole : 2 567 cas ont été recensés entre cette date et le 24 juin. Le nombre réel pourrait être deux fois plus élevé. « Environ la moitié des cas ne sous sont pas déclarés. On considère donc qu’il y a environ 5 000 cas de rougeole survenus au cours des derniers mois » indique en effet Denise Antona à France TV Info. Si en 2006, pas plus de 40 cas avaient été comptabilisés, le triste record de 2011 avec 15 000 cas déplorés ne devrait pas être atteint. On assiste en effet à une baisse du nombre de nouveaux cas hebdomadaires, une diminution qui après avoir été rapide au début de l’année s’est désormais stabilisée autour de 50 cas hebdomadaires déclarés, selon les chiffres publiés hier par SPF. Notons que près des trois quart des patients (74 %) n’étaient pas vaccinés, tandis que 14 % n’avaient reçu qu’une seule dose. 

Des signaux contraires

Si la situation épidémiologique actuelle pourrait avoir suscité dans la population un sursaut, comme le suggérait l’augmentation des ventes de vaccin dans la Vienne ce printemps, l’existence de signaux contre-productifs, telle l’annulation hier de la radiation du professeur Joyeux, porte-parole notoire des groupes anti-vaccin, doit inciter à la plus grande vigilance.

Aurélie Haroche

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