
Paris, le mercredi 8 août 2018 – Agnès Buzyn a mis un point
final, ce matin, par une conférence de presse, à deux semaines
marathon consacrées à la canicule. Elle a tiré un « bon
bilan » de ces journées de grandes chaleurs, où la mobilisation
des professionnels de santé et des associations a permis d’éviter
une situation identique à celle de 2003. Elle a souligné que la
surmortalité serait connue dans un mois mais qu’aucun indicateur
n’était alarmant. Elle a également souligné que la vigilance reste
de mise pour les personnes âgées malgré la baisse des températures
: « je demanderai aux collectivités locales, aux associations,
de rester mobilisés (…) jusqu’au week-end ».
Durant cette « crise », Agnès Buzyn a joué la carte de
l'omniprésence et certains observateurs avisés jugent que cet
épisode pourrait lui servir dans les mois à venir… En effet, la
canicule, comme le rappelle Arnaud Mercier, professeur de
communication politique à Paris II auprès du Huffington post, est
une situation à risque pour tout ministre de la Santé. Selon lui :
« elle fait le job. Parce que l'important pour les ministres,
depuis la calamiteuse prestation de Jean-François Mattéi, c'est de
montrer qu'ils sont là, qu'ils ne minimisent pas le problème,
qu'ils vont sur le terrain, qu'ils s'assurent que tout est en
place ».
Une bonne gestion de crise qui pourrait aider Agnès Buzyn a
enfin être reconnue de l'opinion publique. Ainsi, Bernard Sananès,
président de l’institut Elabe expliquait à l’Opinion « comme la
plupart des ministres « experts », elle n’est pas encore bien
identifiée par les Français. Dans une enquête récente réalisée par
Elabe, moins d’un Français sur 2 disait la connaître de nom, 25 %
seulement disaient bien la connaître. En notoriété, elle reste donc
en bas de classement des ministres. De plus, aucune grande réforme,
aucune mesure (le reste à charge était un engagement du Président),
ne lui est aujourd’hui attribuée. ». En outre, il semble qu’elle
soit surtout connue aujourd’hui du grand public pour des gaffes,
dont la dernière avait été d’attribuer les retards du plan pauvreté
à la coupe du monde !
Bernard Sananès estime aussi que cet épisode caniculaire
pourrait s'avérer bénéfique pour la responsable en termes
d’opinions favorables puisque « s’agissant de l’épisode de
canicule, elle semble maîtriser parfaitement les fondamentaux de sa
communication ».
Peut-être une « bonne nouvelle », donc, pour Agnès
Buzyn, qui s'apprête à vivre une année particulièrement chargée,
notamment avec la réforme des retraites ou le projet de « refonte »
du système de santé.
Frédéric Haroche