
Paris, le vendredi 24 août 2018 – En mai, après la tribune vigoureuse de 124 médecins dans le Figaro qui qualifiait l’homéopathie de « fake médecine », Agnès Buzyn, sommée de prendre position avait jugé qu’il était nécessaire que la HAS (Haute autorité de santé) se saisisse de la question du remboursement de cette "classe" de médicament. Depuis, le flou était savamment entretenu. Ainsi, tout début août, alors que le SNMHF (Syndicat national des médecins homéopathes français), arguant du particularisme de l’homéopathie demandait à être associé à cette évaluation, la HAS avait fait savoir que le ministère ne lui avait encore rien demandé !
Affirmation étonnante, puisqu’un courrier que se sont procurés concomitamment l’Agence France Presse (AFP) et l’hebdomadaire Le Généraliste, daté du 1er août, signifie la saisie de l’organisme par le ministère de la Santé.
En substance, le ministère explique : « nous souhaitons recueillir l'avis de la commission de transparence quant au bien-fondé des conditions de prise en charge et du remboursement des médicaments homéopathiques ». Cet avis devra prendre en compte « leur efficacité et leurs effets indésirables, leur place dans la stratégie thérapeutique » et « l'intérêt pour la santé publique de ces produits ».
« La réévaluation des stratégies thérapeutiques remboursables permettant de garantir aux patients les soins les plus pertinents est une nécessité à laquelle les médicaments homéopathiques doivent être soumis comme toute autre spécialité » conclut aussi cette missive.
L'avis est attendu « d'ici la fin du mois de février 2019 », précise le document.
La HAS refranchira-t-elle le Rubicon ?
Rappelons qu’il y a quelques mois, à l’occasion de l’examen de la réinscription d’un médicament homéopathique sur la liste des spécialités remboursables, la HAS avait considéré qu’elle ne pouvait statuer sur le service médical rendu (SMR) de cette molécule, ce qui conditionne, normalement, la prise en charge par l'assurance maladie.
D’une manière générale, la HAS s’étonnait « du maintien du taux de remboursement à 30% des médicaments homéopathiques (…) compte tenu du taux de remboursement à 30% voire 15% de médicaments ayant fait la preuve de leur efficacité ».
Mais les voies des autorités sanitaires étant parfois
impénétrables, il n’est pas certain qu’en février, la HAS tire
toutes les conséquences de ces considérations…
Frédéric Haroche