Réformes des études en santé : les étudiants satisfaits, mais vigilants

Paris, le vendredi 28 septembre 2018 - C’est un fait. L’ensemble des représentants des étudiants engagés dans la filière débutant par la fameuse Première année commune des études en santé (PACES) tant décriée sont satisfaits. La suppression du numerus clausus et du concours couperet qui permet l’orientation en deuxième année, mais surtout un écrémage qualifié de « brutal » par la quasi-totalité des acteurs du milieu sanitaire, n’a pas survécu au Plan santé présenté par Emmanuel Macron le 18 septembre.

Agnès Buzyn n’avait d’ailleurs guère laissé de doute quant au devenir de ce système mis en place pour réguler le nombre de médecins, dentistes, sages-femmes et pharmaciens sur tout le territoire en parlant à plusieurs reprises, au cours des derniers mois, d’ « immense gâchis humain ». Bref, tout le monde, ou presque, s’accorde à dire qu’il est temps de former des professionnels de santé qui ne soient plus sélectionnés selon leur seule capacité à pouvoir apprendre et restituer des milliers d’informations apprises par cœur.

Remettre du sens

L’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) salue ainsi « la fin d’un système déshumanisé au profit d’un procédé valorisant la diversité des profils ». Cette réforme, à l’instar de la suppression des Épreuves classantes nationales (ECN) et de la rénovation du deuxième cycle, s’inscrit parfaitement dans une dynamique attendue qui permettra de « remettre du sens dans [les] études ». Si l’heure est donc à la satisfaction, l’organisation présidée par Clara Bonnavion reste vigilante, notamment sur le respect des « capacités de formation, déjà saturées dans bon nombre de facultés », tout comme elle attend que le système mis en place « garantisse une cohérence avec le 1er et 2ème des études médicales ».

Par ailleurs, l’ANEMF considère que l’intégration de la pertinence et la qualité des soins à la formation initiale comme continue est « essentiel pour entraîner des modifications à long terme ». Enfin, considérant qu’il ne peut « cependant pas y avoir de santé de tous sans santé des soignants et futures soignant », l’association tient à réaffirmer « l’importance de l’amélioration des conditions de travail et de la reconnaissance professionnelle des soignants » et déplore ainsi « l’absence de mention de bien-être des étudiants en santé ». Sur ce point, ses attentes qui n’ont pour le moment pas été satisfaites sont claires : reconnaissance de statut, qualité de l’encadrement et de la formation, droits sociaux et accès aux soins. Un « engagement fort du gouvernement pour résoudre un problème qui use à la racine les ressources humaines de notre système de santé » est donc d’ores et déjà attendu.

Tous unis, mais tous différents 

Du côté de l’Association nationales des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), on se félicite également de la suppression de ce qui est qualifié de « véritable gâchis subi par les étudiants » et on réaffirme que « les qualités humaines, propres à tout professionnel de santé, doivent être prises en compte et valorisées dans [la] formation initiale ». Tout comme l’ANEMF, elle restera cependant « attentive à la mise en place de capacité d’accueil adéquates concourant à une formation aboutie pour chaque étudiant et assurant une régulation des flux, dans le respect du maillage territorial de nos professions ». Désireux de « conserver des enseignements spécifiques », les futurs pharmaciens espèrent que cette réforme n’effacera pas « l’apprentissage des thématiques spécifiques de chaque filière des professions médicales au profit d’une formation multidisciplinaire trop générale ».

L’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD) a pour sa part réagi en prévenant qu’elle restera vigilante aux alternatives qui seront proposées à la PACES, « notamment dans le contexte qui voit [les] capacités d’accueil et de formation dépassées ». Espérant que « la volonté évoquée de remise à plat des études de santé permettra effectivement une transition d’un modèle curatif vers un modèle préventif », l’UNECD restera également attentive « quant à la place de la filière dentaire dans cette stratégie, face à un discours qui […] apparaît parfois comme trop médecins centré ». Enfin, pour l’Association nationale des étudiants sages-femmes (ANESF), « de par son approche uniquement numérique, le numerus clausus était le parfait exemple d’un outil qui ne répondait pas à l’objectif qu’on lui prêtait, à savoir la régulation des professionnels de santé ». Les futurs maïeuticiens demandaient d’ailleurs sa suppression depuis 3 ans. Ils considèrent cependant que la question de la sélection nécessitera une grande vigilance de leur part et « ne pourra pas être envisagée de façon brutale à la fin de la troisième année, mais plutôt dans une dynamique d’orientation progressive, créatrice de profils étudiants variés ».

Benoît Thelliez

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