Prime de « réorientation » pour les urgences : des précisions d’Agnès Buzyn

Paris, le lundi 22 octobre 2018 – La semaine dernière, le député En marche Olivier Véran a défendu et fait adopter par la commission des affaires sociales de l’Assemblée un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui crée une "prime" de réorientation allouée aux services d’urgences qui redirigeront vers la médecine de ville les patients ne relevant pas d’une prise en charge par leurs soins. Il s’agit d’éviter que la tarification à l’activité dissuade les hospitaliers de diriger les patients ne relevant pas des services d’urgences vers des structures mieux adaptées. Les nombreux écueils d’une telle disposition ont cependant été soulevés la semaine dernière par différents observateurs, notamment sur le JIM.

Une expérimentation inspirée de l’étranger

Sans répondre à ces interrogations, le ministre de la Santé a confirmé hier son soutien à cette mesure, tout en insistant sur le fait qu’il s’agissait pour l’heure d’une expérimentation. « Cette proposition de loi est une expérimentation issue d’autres pays. Elle ne sort pas de nulle part. Beaucoup de pays observent la même chose que nous. Les urgences sont engorgées parce qu’il y a de plus en plus de difficultés à trouver un médecin de ville qui prend sans rendez-vous. Cette difficulté fait que l’on va aux urgences » a-t-elle observé, sans expliquer comment une prime de réorientation pourrait avoir comme effet immédiat d’augmenter les capacités des cabinets de médecine de ville (notamment à accueillir des patients sans rendez-vous). Le ministre a ajouté que les urgences avaient pour première vocation de répondre aux urgences vitales. « Il faut préserver du temps des urgentistes pour ça. Il y a aussi de la bobologie. Il y a même parfois des gens qui viennent aux urgences pour des renouvellements d’ordonnances. C’est un peu désespérant » a-t-elle commenté. Si ce constat est partagé par tous, les limites de la réponse proposée n’en demeurent pas moins abyssales.

Léa Crébat

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Vos réactions (1)

  • Du bon usage des urgences

    Le 26 octobre 2018

    Pourquoi ne pas facturer la consultation aux urgences au tarif de la consultation chez le généraliste ? Avant de voir un médecin aux urgences, on passe toujours par la case "remplir le formulaire". La facturation pourrait se faire à ce moment-là. Un écriteau d'information pourrait avertir les usagers et les convaincre d'aller plutôt prendre rendez-vous chez le médecin traitant que d'attendre 4 à 6 heures tout en avançant la consultation... Cela viderait naturellement la salle d'attente.

    Beaucoup d'usagers pensent que les urgences sont gratuites, de ce fait, leur usage en est détourné.
    Cela ne dispenserait pas d'une orientation pour évaluer l'urgence... Au cas où elle serait réelle et pas seulement ressentie...

    B. Sanchez (IDE)
    Infirmière

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