Paris, le lundi 29 octobre 2018 – Le week-end de l’Assemblée
nationale était consacré aux discussions autour du PLFSS (Projet de
loi de financement de la sécurité sociale) pour 2019. Ces travaux
ont été l’occasion d’adopter des mesures controversées.
Assistants médicaux : c’est maintenant
Les députés ont d’abord validé la création des assistants
médicaux, ce nouveau métier hybride entre le secrétaire et
l’infirmier. Le texte dispose que « les conditions de
déploiement et d’accompagnement financier de ce nouveau dispositif
susceptible de concerner plusieurs milliers de cabinets médicaux ou
de structures de soins seront définies dans les cadres
conventionnels correspondant aux différentes structures concernées
(cabinets médicaux, maison et pôles de santé, centres de santé)
».
En outre le ministre de la santé, Agnès Buzyn a précisé que ce
nouveau métier s’adressera en premier lieu à des «
aides-soignants cherchant une reconversion ». Assez
largement salué sur l’ensemble des bancs de l’hémicycle, le
dispositif a suscité les critiques de quelques députés qui ont fait
part de leur réserve et notamment l’ancien ministre, Sylvia Pinel
qui a assuré qu’elle n’était « pas sûre que ce soit la meilleure
manière de revaloriser la médecine générale ».
Mais peut-être que l’enthousiasme parlementaire sera douché
par le mouvement infirmier du 20 novembre, qui s’annonce d’ampleur,
et qui contestera en particulier la création de cette nouvelle
profession.
Forfait de réorientation : « prendrez-vous cette responsabilité
monsieur Véran ? »
Le député de l'Isère et rapporteur général du texte, le Dr
Olivier Véran a de son côté présenté son forfait de réorientation
alloué aux services d’urgences qui choisiront de rediriger les
patients en relevant vers la médecine de ville. Cette initiative a
donné lieu à un débat houleux dans l'hémicycle, rendant nécessaire
l’adoption déjà envisagée par Olivier Véran d’un sous-amendement
prévoyant que le dispositif ne sera qu’expérimental et sur la base
du volontariat.
Cette reculade n’a pas empêché quelques anicroches. Le député
et cardiologue Jean-Pierre Door des Républicains a ainsi pointé un
texte incompréhensible en contradiction avec la mission de service
public de l’hôpital.
Il a aussi été rejoint par La France Insoumise par la
voix du député Caroline Fiat, aide-soignante de formation qui a
qualifié le projet de « surréaliste (…) Quand on sait que 30 %
des Français renoncent aux soins, on ne peut pas encourager les
hôpitaux à renvoyer des patients ».
Étonnement, c'est du côté du MODEM, pourtant partie prenante de
la coalition gouvernementale que l'opposition a été la plus
tonitruante. Le député Brahim Hammouche a même interpellé Olivier
Véran sur « l'incidence médico-légale » du dispositif et lui
a demandé « prendrez-vous cette responsabilité monsieur Véran
? »
Plus consensuel, l'Assemblée nationale a voté, à l’unanimité,
dans la nuit de vendredi à samedi un allongement du congé paternité
lorsqu’un nouveau-né est hospitalisé dans une unité de soin
spécialisée après un accouchement.
Le vote solennel du PLFSS en première lecture est prévu mardi
après-midi et devrait être définitivement adopté d'ici fin
décembre.
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