DMP : et si cette fois encore, ça ne marchait pas ?

Paris, le mercredi 28 novembre 2018 – Relancé par la caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), le DMP (Dossier médical partagé) ne fait toujours pas l’unanimité auprès des médecins.

Dans un éditorial publié sur le site de la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Richard Talbot énumère les lacunes du système qui pourraient, une nouvelle fois, le conduire à l’échec.

L’ergonomie et la rémunération à revoir

En premier lieu, il met en avant la nécessité de « nettement améliorer l’ergonomie du DMP qui pour l’instant n’est doté d’aucun outil de recherche ou même d’indexation ». « A quoi ressemble un DMP actuellement ? Du moins un de ceux qui ne sont pas désespérément vides à l’exception de l’historique des remboursements qu’on retrouve déjà de façon plus ergonomique dans beaucoup de logiciels (…). Il faut ouvrir chaque document un par un pour savoir de quoi il retourne. Quand il y en aura une centaine, ce sera tout simplement impossible » poursuit-il.

Par ailleurs, chaque DMP devrait normalement comprendre un « volet de synthèse médicale (VSM)* » établi par le médecin traitant. Or, pour le docteur Talbot, cela « représente un travail considérable, surtout pour les dossiers complexes, surtout si on considère que ce VSM devra être régulièrement remis à jour ».

Pour le praticien, l’établissement du VSM se doit d’être rémunéré au minimum au prix d’une consultation complexe, alors que pour la CNAM, la rémunération de ce travail est incluse dans le forfait structure. « Une grave erreur d’interprétation » analyse le représentant de la FMF.

« Qui ira effectuer un travail complexe et engageant sa responsabilité sans être payé en retour ? » s’interroge-t-il ainsi.

On le voit, l’avenir du DMP n’est pas assuré dans l’esprit de tous les praticiens…

*Défini par la HAS, le volet de synthèse médicale (VSM) contient pas moins de sept chapitres : coordonnées du patient, coordonnées du médecin traitant, antécédents personnels, antécédents familiaux, traitements au long cours, principales constantes, faits marquants,  propositions thérapeutiques au cours de l’année.

Xavier Bataille

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Vos réactions (3)

  • A qui appartient le " Cloud Provider" du DMP Français? Secret médical en danger.

    Le 28 novembre 2018

    Attention au "cloud act" américain:

    "Clairement, des données stockées hors des États-Unis mais sur des serveurs appartenant à des sociétés américaines ne peuvent plus être considérées comme sécurisées. Le Cloud Act donne la possibilité aux États-Unis d'accéder aux données dès lors qu'elles sont hébergées par des Cloud Providers américains, sans que les utilisateurs en soient informés, quand bien même ces données seraient stockées en France ou concerneraient un ressortissant européen, et ce sans passer par les tribunaux. "

    ( voir https://www.latribune.fr/economie/international/les-sept-armes-imparables-qui-permettent-aux-etats-unis-de-dominer-le-monde-789141.html)

    Dr Yves Darlas

  • Degré de preuve

    Le 29 novembre 2018

    Depuis de nombreuses années, les publications sont classées par des organismes tels que l'Organisation Cochrane selon la qualité de leur "design" (double aveugle,...), leur structure, les critères de sélection des sujets observés, la validation des mesures des résultats, etc, pour les retenir ou non. Ils résument cela sous la forme d'un "degré de preuve".
    Je suis effrayé par le fait que les dossiers médicaux électroniques ne fassent aucune place à une évaluation des diagnostics, leur précision ("sciatique" ou "lombosciatalgie", quelle racine?), leur certitude.
    Mes dossiers contiennent force protocoles dignes d'une exposition: description de l'aspect tomodensitométrique des ventricules de la colonne lombaire, "tachycardie non sinusale" pour une Patiente âgée rendue tachycarde par la fièvre d'une vraie grippe,...
    Mes diagnostics cliniques sont souvent ornés de très jolis points d'interrogation. Et souvent d'une note de 1/3 à 3/3.
    N'est-il pas insensé que ce ne soit pas une obligation?

    Dr Charles Kariger

  • Que voulez vous partager ?

    Le 02 décembre 2018

    Je vois déjà le dossier : un empilement de comptes rendus de spécialistes, de radio, de bio , ...
    Et en effet , qui va se risquer à faire une synthèse (gratuite ?) et se mouiller pour trancher dans les hypothèses diagnostiques et les résultats des traitements ?
    "Patient revendicateur, désirant un scanner pour allégation de céphalées, me disant que le paracétamol ne "marche pas" mais que je soupçonne de ne pas effectuer de prise correcte, voire pas de prise du tout du fait de son terrain hypochondriaque."
    Voilà l'écueil ... et depuis la genèse de ce DMP !

    Dr F Chassaing

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