Test HPV positif et frottis normal : rester vigilant !

C’est la persistance d’un virus HPV à haut risque qui fait la lésion précancéreuse et le cancer du col utérin. Un dépistage établi sur la recherche virale apporte 60 à 70 % de protection supplémentaire par rapport à celui fait sur le frottis.

Les recommandations européennes actuelles conseillent de débuter le dépistage par frottis entre 20 et 30 ans (25 ans en France). Les recommandations américaines demandent de débuter les frottis à 21 ans, de les répéter tous les 3 ans, et d’y associer un test HPV à partir de 30 ans.

Une étude observationnelle a été menée entre 2005 et 2014 à partir du programme de dépistage national suédois. Elle concerne 9 047 femmes qui avaient un frottis strictement négatif au début de l’étude ; 96 d’entre-elles ont développé une néoplasie intra-épithéliale de type 2 ou une lésion plus grave : CIN2+ (CIN2, CIN3, adénocarcinome in situ, cancer invasif du col) durant les neuf années qu’a duré l’étude. Les prélèvements de ces frottis en phase liquide ont été conservés et une recherche d’HPV à haut risque a été faite secondairement.

Ces femmes ont été comparées à 480 femmes indemnes de néoplasies (5 cas-contrôle pour 1 cas) avec un ajustement sur l’âge, la date d’entrée dans l’étude, et le nombre de dépistages.

L’analyse a été stratifiée selon l’âge et le génotype HPV.

Un risque avant 30 ans avec les HPV 16 et 18

Parmi les 96 cas il y avait 45,8 % de CIN2 et 54,2 % de CIN3 + ; 51 % des femmes atteintes avaient un test HPV positif sur le frottis initial versus 14 % des femmes indemnes.

Pour les femmes de moins de 30 ans avec une néoplasie, 58,8 % avaient un test HPV positif sur le frottis initial versus 21,3 % des femmes indemnes du même groupe d’âge (Odds Ratio [OR] : 4,95 ; intervalle de confiance à 95 % = 2,20-11,1).

Parmi les femmes de plus de 30 ans atteintes, 49,2 % avaient un test HPV positif sur le frottis initial versus10,9 % des femmes indemnes du même groupe d’âge (OR : 8,01 ; IC95 % = 4,02-16).

Ces différences de risque étaient encore plus marquées si l’on ne considérait que les génotypes 16 et 18, mais n’étaient pas significatives pour les autres génotypes HPV à haut risque, chez les femmes de moins de 30 ans.

Les HPV 16 et 18 étaient plus fréquemment retrouvés dans les cas de CIN3 + que dans les cas de CIN2.

Avoir un test HPV positif, même avec un frottis normal, expose donc à un risque plus élevé de développer une lésion de haut grade. De nombreuses études confirment que la positivité du test HPV est le marqueur le plus significatif du risque de lésion de haut grade chez les femmes de plus de 30 ans. Chez les femmes de moins de 30 ans, qui ont des pourcentages d’HPV plus élevés, seule l’augmentation du risque lié aux génotypes 16 et 18 est significative.

Dr Catherine Vicariot

Références
Impact of the Human Papillomavirus Status on the Development of High-Grade Cervical Intraepithelial Neoplasia in Women Negative for Intraepithelial Lesions or Malignancy at the Baseline: A 9-Year Swedish Nested Case-Control Follow-Up Study.
Cancer, 2018 ; publication avancée en ligne le 10 décembre. doi: 10.1002/cncr.31788. [Epub ahead of print]

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Vos réactions (2)

  • HPV et frottis

    Le 22 décembre 2018

    Article clair et très utile pour la pratique clinique. Donc dépister avec frottis + test HPV et modifier la surveillance des frottis tous les ans en cas d'HPV + ?

    Dr Pierre-André Coulon

  • HPV négatif: rester vigilant

    Le 26 décembre 2018

    Pour les femmes de moins de 30 ans ayant développé une néoplasie, 41.9% avaient un test HPV négatif.

    Pour les femmes de plus de 30 ans ayant développé une néoplasie, 50.8% avaient un test HPV négatif.

    Es-ce alors raisonnable de proposer (SSGO, Suisse) comme alternative au dépistage cytologique, le dépistage par recherche HPV seule à partir de 30 ans?

    Dr Andrei Cepleanu, Epalinges, Suisse

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