Exclusif : les professionnels largement favorables à la suppression des ECN sous leur forme actuelle
Paris, le mercredi 2 janvier 2019 – L’esprit humain n’étant guère
porté à la satisfaction, les bilans de l’année 2018 sont
majoritairement négatifs. Pourtant, quelques annonces fortes et
attendues depuis plusieurs années ont concerné les études de
médecine en 2018 : la suppression du numerus clausus et des
épreuves classantes nationales (ECN). Ces deux concours ont été si
décriés qu’il est presque étonnant que la promesse de leur
disparition ne suscite pas aujourd’hui plus d’enthousiasme. Il faut
dire que l’annonce de leur fin n’a pas été accompagnée d’une
présentation claire des systèmes qui les remplaceront et concernant
la Première année des études communes de santé (PACES) beaucoup
redoutent déjà une réforme en trompe l’œil. Pour les ECN, les
déceptions ne sont pas encore aussi fortes mais quelques
interrogations commencent à percer.
Moins d’un quart des professionnels de santé regretteront les
ECN
Néanmoins, les ECN ne seront guère regrettées. « Il faut en
finir avec ce couperet, déraisonnable et facteur de stress en
deuxième cycle » tonnait au printemps le président de la
Conférence des doyens de médecine, le professeur Jean-Luc
Dubois-Randé auquel les ministres de la Santé et de l’Enseignement
supérieur ont confié la mission d’établir des recommandations pour
renouveler la formation des futurs médecins. L’inadaptation du
contenu et de la forme des examens pour évaluer les futurs médecins
et les préparer à leur exercice, l’incohérence d’un système
permettant à ceux ayant les résultats les plus faibles d’être
admis, l’absence totale de prise en compte des compétences
cliniques, relationnelles et des projets des étudiants ont
également été mille fois dénoncées. Les couacs à répétition qui ont
accompagné l’informatisation des ECN ont eu fini d’entacher
définitivement la réputation de cet examen. Ainsi, on ne s’étonnera
pas de constater que 64 % des professionnels de santé interrogés
sur le JIM du 10 septembre au 16 octobre se disent favorables à la
suppression des ECN sous leur forme actuelle. Seuls 23 % se
montrent défavorables à cette idée, tandis que 13 % probablement
inquiets de ne pas avoir une vision plus précise du système qui
remplacera le dispositif actuel ne se prononcent pas.
Sondage réalisé sur JIM du 10
septembre au 17 octobre 2018
Le retour dangereux de la subjectivité ?
Certains en effet s’interrogent sur les critères qui s’appliqueront
pour organiser le choix des futurs internes de leur spécialité et
de leur ville. On sait pour l’heure que l’accès au troisième cycle
reposera sur trois socles : un examen national de contrôle
(probablement peu éloigné des ECN actuelles), une évaluation des
compétences cliniques et relationnelles (grâce notamment à la
simulation) et une prise en compte du projet et du parcours du
candidat. A cet égard, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal avaient
donné comme exemple d’incohérences qui devront être corrigées par
le nouveau système : « Il n’est pas normal qu’un étudiant qui a
assuré le tutorat d’anatomie et exercé comme aide opératoire ne
voit cette expérience aucunement prise en compte pour l’accès à une
spécialité chirurgicale ». Si l’ambition est louable, certains
redoutent cependant que l’introduction de critères moins froidement
objectifs qu’un examen anonyme (qui plus est en partie sur QCM)
n’ouvre la voie à un retour du copinage voir du népotisme Cette
crainte a notamment été exprimée l’été dernier par le Syndicat
national des anesthésistes réanimateurs (SNAM). Sur ce point, le
ministre de la Santé interrogé par le JIM n’aura guère offert de
réponses directes se contentant de répéter que « Les critères
actuels ne sont plus pertinents pour l’exercice ultérieur des
métiers, qu’ils soient médicaux ou soignants ». Avant les
derniers ECN de l’histoire au mois de juin 2019, beaucoup espèrent
des précisions.
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