
Tours, le lundi 18 février 2019 - La 20ème édition du congrès
national de l’ISNAR-IMG* s’est tenue à Tours ce
week-end.
Cette manifestation a été marquée par la venue d’Agnès Buzyn
et par la présentation d’un « état des lieux des conditions de
travail des internes de médecine générale, en ville et à
l’hôpital », réalisé à partir d’une enquête conduite auprès de
940 internes en médecine générale (IMG), en grande partie consacrée
au temps de travail et au respect des dernières réglementations en
la matière.
48 heures hebdomadaires : un acquis social loin d’être acquis !
Il apparaît en premier lieu que les 48 heures hebdomadaires
garanties par la loi en 2015 (afin de se conformer à la
réglementation européenne datant de 2002) peinent à se mettre en
place. Ainsi, un IMG sur deux (des chiffres probablement
extrapolables à de nombreuses autres spécialités) dépasse ce temps
de travail. Sans surprise, le phénomène est plus fréquent à
l’hôpital (64,5 %) qu’en stage ambulatoire (15,3 %). Il est à
noter, en outre, que 3,9 % des internes en médecine générale
continuent de déclarer travailler plus de 80 heures hebdomadaires
!
Pour permettre la mise en place effective de cette mesure, il
est désormais obligatoire que soit rempli un tableau de service,
mais seuls 61 % d’entre eux s’y astreignent.
En outre, certains internes se voient encore refuser de
disposer de leurs demi-journées de formation universitaire (8,8 %)
ou de « formation en autonomie » (15,5 %).
Des internes de garde livrés à eux-mêmes et non rémunérés : oui ça existe encore (rarement) !
Le sujet des gardes semble lui aussi épineux puisque 36 % des
IMG qui en font déclarent dépasser le « service normal »
(une garde de nuit par semaine et un dimanche ou jour férié par
mois). De plus, 2,6 % indiquent n’avoir pas pu bénéficier de l’avis
d’un senior au cours d’une garde récente et 4 % n’ont pas disposé
d’un repos de sécurité (six derniers mois).
Plus d’un quart des répondants (25,9 %) réalisent également
régulièrement des demi-gardes, mises en place dans certains
établissements et dans 50 % des cas, elles n’ont pas donné lieu à
un repos de sécurité, ni à une rémunération (8 %) !
L’une des explications du syndicat ravivera sans doute la
querelle des anciens et des modernes : « les internes se
confrontent parfois à une génération de médecins ayant connu des
conditions de travail peu réglementées (…). Pour cette génération,
l’idée que la médecine ne peut s’apprendre qu’ainsi semble parfois
ancrée », remarque-t-il.
Le temps de l’intransigeance est-il venu ?
Face à ces données, l'ISNAR-IMG formule une quinzaine de
propositions.
Le syndicat appelle, en particulier, à l’intransigeance
vis-à-vis des établissements ne respectant pas la législation et
souhaite que des sanctions financières soient appliquées. Il
propose également que soient réévalués, à l’aune du respect des
lois concernant le temps de travail, tous les terrains de
stage.
L'ISNAR-IMG souhaite également la mise en place d’une
concertation afin que les récupérations (calculées en demi-journée)
soient automatiquement délivrées dès que l'interne dépasse les 48
heures. Elle réclame enfin « un moratoire sur la mise en
danger des internes » qui sont privés de leur repos de
sécurité.
* InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale
F.H.