
Paris, le lundi 25 février 2019 – « Une très jolie
affiche » a observé en souriant le garde des Sceaux, Nicole
Belloubet, invitée hier à commenter une photographie où elle
apparaissait avec Agnès Buzyn. Si la déclaration amusée a contribué
à entretenir le suspense sur la candidature des deux ministres aux
élections européennes, elle a ignoré le contexte un peu tendu de la
visite au cours de laquelle ce cliché a été saisi. En déplacement à
Lille, Agnès Buzyn et Nicole Belloubet ont en effet dû affronter la
colère de Martine Aubry, colère filmée qui a été largement reprise
sur les réseaux sociaux toujours friands de ce type d’accrochage.
Remarquant ironiquement que c’était probablement parce qu’elle
faisait partie de « l’ancien monde », Martine Aubry a
amèrement reproché aux deux ministres de ne pas avoir été
directement avertie par leurs cabinets respectifs de leur visite.
Le maire de Lille a également fait observer qu’en tant que ministre
de la Santé, elle avait régulièrement dû affronter des accueils
musclés de la part des syndicats, mais jamais elle n’avait demandé
à la police de « charger », alors qu’une telle intervention
a semble-t-il été nécessaire à Lille en marge de la visite d’Agnès
Buzyn.
Quand en 2018, tout le monde dégringole, sauf Agnès Buzyn
Moins appréciée de ses administrés que de la population générale
Quoiqu’il en soit, dans la lignée de Simone Veil
La première intéressée entretient pour sa part le flou.
Invitée hier de Radio J, elle a jugé que « l’Europe est un vrai
sujet. Je pense qu’aujourd’hui, l’enjeu est là, il y a énormément
de politiques – et on l’a vu hier au salon de l’Agriculture sur la
PAC – où les Français sont liées aux européennes, concernés par
l’Europe ». Cependant, celle qui a souvent exprimé son désir de
s’inscrire durablement en politique mais qui n’a jamais été élue et
celle qui a souvent été inspirée par Simone Veil (qui fut la
grand-mère de ses trois enfants), demeure prudente et réservée : «
Aujourd’hui, je suis pleinement mobilisée sur mon ministère,
totalement, j’ai une loi à porter au mois de mars, vous voyez que
j’ai du travail » a-t-elle précisé à ses
intervieweurs.
N’hésite pas à aller au front
Mais si après cette mission, elle choisissait finalement
d’épouser un destin européen, Agnès Buzyn aurait alors à affronter
François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains, dont elle
avait fustigé il y a quelques semaines ses convictions à propos de
l’IVG et de la contraception, considérant difficile d’accepter
l’idée que ce type de positions soient totalement déconnectées de
l’engagement politique. Cette opposition frontale ne devrait pas
déplaire à Agnès Buzyn qui a pris l’habitude de multiplier les
déclarations directes à l’encontre de ses adversaires politiques.
Elle a ainsi à nouveau considéré hier que Marine Le Pen devrait
faire « le ménage » dans son entourage après avoir la
semaine dernière déploré le double jeu de la présidente du
Rassemblement national sur l’antisémitisme.
Aurélie Haroche