Agnès Buzyn tête de liste aux Européennes ? La rumeur progresse…
Paris, le jeudi 28 février 2019 – Tous les plus importants
partis politiques français ont désormais publiquement présenté leur
tête de liste pour les futures élections européennes. Tous sauf le
parti majoritaire, La République en Marche (LREM). La constitution
de l’équipe qui portera le message du gouvernement ne devrait être
dévoilée qu’à l’issue du Grand débat, au mois d’avril. « Une
campagne courte de deux mois, c’était l’idée dès le début même
avant le Grand débat » affirme-t-on dans l’entourage de
Stéphane Séjourné, chargé de diriger la campagne pour LREM. Courte
ne veut pas dire bâclée. Beaucoup au sein du parti majoritaire
voudraient s’inscrire dans le sillage du groupe UDF lors des
premières élections européennes de 1979, qui avait connu un très
net succès, alors que les échos entre les parcours de Valéry
Giscard d’Estaing et Emmanuel Macron lors de son arrivée à l’Élysée
ont été nombreux.
Un lien évident avec Simone Veil
En 1979, c’est Simone Veil, alors ministre de la Santé, quelques
années après avoir porté la difficile loi sur l’avortement, qui
avait été choisie pour incarner la liste de l’UDF aux premières
élections européennes. Le choix de cette femme, déportée
d’Auschwitz, était riche de symbole. Aujourd’hui, c’est également
le ministre de la santé, mère de trois des petits enfants de Simone
Veil, elle-même fille de déportés, qui serait pressentie pour
prendre la tête de la liste LREM. « Je ne peux pas ne pas faire
le lien » observait récemment sur BFM un membre de la
majorité.
Duel de femmes au sommet
Alors qu’il ne s’agissait encore la semaine dernière qu’une rumeur
lancée par Les Echos, que l’intéressée aurait, assure-t-elle,
découvert en lisant les journaux, l’hypothèse Agnès Buzyn s’impose
avec de plus en plus d’évidence. Toujours selon Les Echos, Emmanuel
Macron hésiterait en effet entre Nathalie Loiseau (ministre des
Affaires européennes) et Agnès Buzyn. Évoquée lors du dîner des
principaux responsables de la majorité lundi soir (toujours selon
Les Echos), la question devrait être tranchée dans une dizaine de
jours.
Une longue liste de non candidates
Pour l’heure, ces potentielles candidates affirment toutes ne
pas l’être, mais les discours ont plus ou moins de fermeté. La
piste Nicole Belloubet (garde des Sceaux) évoquée ce week-end
semble ainsi définitivement refermée. « Je ne suis pas
candidate » a en effet assuré le ministre de la Justice tout en
rappelant son attachement à l’idéal européen. De la même manière,
Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, qui a donc une
parfaite maîtrise des sujets (ce qui serait un atout important dans
le cadre d’une campagne très courte) a martelé le 15 février sur
RTL : « Je ne suis pas candidate ».
Si l’Europe le mérite…
On ne trouve pas dans les déclarations d’Agnès Buzyn
d’affirmation aussi claire. Elle préfère assurer qu’elle n’y «
réfléchit pas », tant les dossiers du ministère de la santé
l’accaparent. Elle ajoute encore, notamment sur RTL, que personne
ne lui a rien demandé (même si l’on sait qu’elle a rencontré
Stéphane Séjourné). En outre, à l’instar de ses collègues de la
Justice et des Affaires européennes, Agnès Buzyn prend soin
d’affirmer son attachement à sa mission actuelle. Mais les
formulations sont un peu différentes. Quand Nathalie Loiseau dit :
« J’aime beaucoup ce que je fais », Agnès Buzyn, peut-être
déjà dans une posture de sacrifice pour la cause, lance : « Si
on me le demande, c'est que l'on considère que l'Europe mérite que
j'abandonne tout ça » (« tout ça » faisant référence aux
nombreux chantiers en cours au Ministère de la Santé et des
Solidarités).
« Cathédrale du futur »
Et il n’est pas impossible, tant son amour pour l’Europe est
grand, et son désir de plus en plus affiché de s’investir en
politique et de se présenter comme une « combattante »
qu’Agnès Buzyn puisse considérer que l’Europe « mérite » un
tel abandon. Elle a en effet rappelé ces derniers jours qu’elle
avait en grande partie voté pour Emmanuel Macron en raison de son
projet européen, tandis qu’elle présente l’Europe comme une «
cathédrale du futur, ce que des hommes sont capables de
construire, ce qui va les dépasser et leur survivra » a-t-elle
décrit sur RTL. En privé, on sait également qu’elle moque les têtes
de liste déjà dévoilées dont l’engagement européen serait très
restreint. Cette observation est d’ailleurs reprise par différents
membres du parti où Agnès Buzyn jouit de nombreux soutiens, comme
au gouvernement, quand Nathalie Loiseau est considérée parfois
comme trop "technique". Nicole Belloubet a ainsi vanté la «
volonté et le charisme » d’Agnès Buzyn, tandis que beaucoup
remarquent le fait que le ministre de la Santé, plus connue que sa
collègue des Affaires européennes, ait eu à traiter des « sujets
humains ».
Qui pour remplacer Agnès Buzyn avenue de Ségur ?
Cependant, cette hypothèse Agnès Buzyn se heurte à la difficulté
que représenterait son remplacement, alors qu’on l’a vu notamment
avec Gérard Collomb, comme le rappelle Le Figaro, les changements
d’hommes (et de femmes) apparaissent difficile pour Emmanuel
Macron. Alors que certains ont évoqué le nom de Nicolas Revel
(aujourd’hui patron de la CNAM), les pistes devront être
parfaitement solides avant qu’une décision ne soit prise. Sans
doute les dix jours qui viennent ne seront pas trop longs pour
mener cette tâche à bien.
Elle devra porter son nom d'épouse, à savoir Madame Veil. Cela lui donnera une aura car sa belle-mère a été longtemps une des grandes dirigeantes européennes.