
La recherche d’altérations génétiques telles que les mutations
délétères des gènes BRCA1 et BRCA2 chez les femmes
atteintes d’un cancer du sein et chez leurs apparentées apporte une
information prédictive chez la femme atteinte, et permet
d’identifier des apparentées non atteintes afin de leur proposer
des stratégies préventives.
Dans la plupart des systèmes de santé, ces tests sont réservés
aux femmes ayant des antécédents familiaux et une probabilité
d’être porteuses d’une mutation délétère ≥10 %. Mais ces
antécédents ne sont pas toujours connus et la moitié des femmes
porteuses de ces mutations ignorent être touchées.
En Australie, toutes les femmes de 50 à 74 ans participant au programme de dépistage bisannuel du cancer du sein dans l’état de Victoria ont été invitées à bénéficier d’un prélèvement d’ADN afin de rechercher les mutations délétères de 11 gènes impliqués dans le cancer du sein et de l’ovaire. La moitié d’entre-elles ont accepté et ont rempli un questionnaire concernant leurs antécédents personnels et familiaux.
Les cinq mille neuf cent huit femmes qui ont répondu
favorablement avaient 59,2 ans d’âge moyen et étaient sensiblement
plus jeunes que celles qui avaient refusé (60,2 ans). Elles avaient
plus souvent un antécédent familial au 1er
degré de cancer du sein ou de l’ovaire : 21,3 % vs 19,7 % (p
= 0,0039).
Un taux de détection encore faible dans une étude australienne
Trente-huit femmes (0,64 %) étaient porteuses d’une mutation pathogène de 4 des 11 gènes étudiés : 29 (76 %) des gènes BRCA2 et PALB2, comme l’âge de la cohorte pouvait le laisser prévoir, 6 du gène BCRA1, et 3 du gène ATM. Aucune n’avait de mutation de CDH1, PTEN, STK11 ou TP53. De plus, 29 femmes étaient porteuses de mutations « de risque modéré » de gènes impliqués dans le cancer de l’ovaire, BRIP1, RAD51C, RAD51D et ATM : elles n’ont pas été contactées, suivant les recommandations locales en cours, différentes des nôtres.Les femmes porteuses de ces mutations avaient un âge moyen de
57 ans, et 22 de ces 38 femmes (58 %) avaient un antécédent
familial au 1er degré de cancer du sein ou
de cancer de l’ovaire.
Trente-cinq des 38 femmes, informées des résultats, se sont
rapidement adressées à un centre de cancérologie de référence où
elles ont été prises en charge. Pour chaque femme, en moyenne 3
membres de leur famille ont aussi bénéficié de tests génétiques et
d’une prise en charge.
Cette étude a concerné des femmes de plus de 50 ans : une fréquence plus élevée des mutations pathogènes aurait été retrouvée si elles avaient été testées à un âge plus jeune. Par ailleurs, davantage de femmes auraient pu bénéficier de stratégies préventives adaptées.
Actuellement, moins de la moitié des gènes impliqués dans le haut risque familial du cancer du sein et de l’ovaire sont identifiés, mais la découverte de nouveaux gènes et l’intégration de gènes de signification encore douteuse devraient permettre d’augmenter les taux de détection.
Dr Catherine Vicariot