
Cette consultation s'est déroulée en ligne du 31 janvier au 22
février 2019 et a obtenu un beau succès, puisque 1 800 praticiens y
ont participé.
Premier enseignement de cette enquête, malgré un attachement à
leur métier (85 % s’en disent satisfaits), les médecins libéraux
sont saturés par les réformes en tous genres : « ils ont déjà
essuyé de nombreuses réformes qui se sont traduites par un
accroissement des formalités administratives. Leur temps médical
s'en est trouvé renié, de même que leur vie professionnelle et leur
temps de repos » et ils « redoutent les effets
coercitifs » des mesures à l’étude, souligne le SML.
CPTS : non aux inconvénients du salariat sans ses avantages
De fait, les sondés ne sont pas tendres avec la prochaine
généralisation des CPTS (Communautés professionnelles territoriales
de santé) puisque 73 % d’entre eux en ont une perception négative
!
En outre, 95 % d’entre eux s’opposent à ce que la rémunération
du médecin puisse être conditionnée à l'adhésion à l’une de ces
structures.
D'ailleurs, les messages collectés par le SML à ce sujet sont
éloquents, qualifiant les CPTS « d’usine à gaz avec un cahier
des charges contrôlés par les ARS », dénonçant les possibles «
charges administratives de plus » ou y voyant le spectre «
de réunions incessantes ». Enfin, un dernier médecin résume
: « être libéral, ça coûte cher mais c'est être libre. La CPTS est
un pseudo-salariat sans les avantages et avec tous les soucis d'une
association non choisie et sans la retraite du salariat
».
Assistants médicaux : c’est encore non !
Les praticiens de ville accueillent également avec méfiance la
mise en place d’incitation à l'embauche d’assistants médicaux et
67,6 % d'entre eux estiment que cela ne répond pas à leurs attentes
et que ce nouveau métier est inutile.
Sur ce point, les contributions libres des participants à
l’enquête sont une fois encore assez instructives. D'une part, les
praticiens ne souhaitent pas, en tant que libéraux, bénéficier de «
subventions à la durée hypothétique assortie de multiples
contraintes et de contreparties » et d’autre part ils jugent «
préférables que la valeur de leurs actes leur permette de
dégager un chiffre d'affaires suffisant pour être en mesure
d'assumer par leurs propres moyens ce type de recrutement »
résume le SML.
Rémunération au forfait : la mauvaise expérience de la ROSP
Côté rémunération, échaudés par la ROSP (rémunération sur
objectifs de santé publique) qui a abouti, selon eux, à un contrôle
excessif des caisses sur la pratique médicale (50,6 %), les
médecins ne semblent séduits par aucune forme de rémunération au
forfait. Ainsi, ils rejettent quasi unanimement (94,8 %) la
rémunération à l'épisode de soins ainsi que la rémunération à la
qualité (78,1 %) et l'introduction d'une part de forfaitisation
(75,7 %).
Aussi, pour 92,6 % des personnes interrogées, une telle
réforme marquerait une étape supplémentaire vers l'étatisation du
système de soins.
Sans surprise, ils plébiscitent a contrario le paiement à
l’acte (92,4 %).
Les médecins libéraux ne veulent pas être les nouveaux agriculteurs
Au terme de cette étude, le SML établit un parallèle
intéressant avec l’agriculture : « les médecins libéraux ont
observé le sort des agriculteurs, qui, peu à peu, ont cessé d'être
rémunérés pour leur activité de production pour être alors perfusés
de subventions. Et quand les subventions se sont taries, il y a eu
une hécatombe et les agriculteurs ont disparu. Le SML, comme les
praticiens libéraux, refuse de subir le même sort que celui fait à
l'agriculture française ».
Frédéric Haroche