Loi de santé : Agnès Buzyn risque-t-elle de battre en retraite ?
Paris, le lundi 18 mars 2019 – L’annonce étrangement mise en
scène jeudi de la candidature de Nathalie Loiseau aux élections
européennes en tant que tête de liste de La république en marche
(LREM) avait fait taire les rumeurs d’un possible départ d’Agnès
Buzyn du ministère de la santé. Cette dernière a bien confirmé
hier, invitée du Grand Jury RTL-Le Figaro qu’elle ne serait pas
présente sur la liste de la majorité. Se déclarant « ravie »
du choix de Nathalie Loiseau, elle a répété qu’elle adore son
ministère.
Augmentation de l’espérance de vie
Ce n’est cependant pas totalement libérée de toute autre
préoccupation qu’Agnès Buzyn va entamer aujourd’hui les débats
parlementaires autour de son projet de loi relatif à «
l’organisation et à la transformation du système de santé ».
En effet, le début des discussions pourrait bien être perturbé par
les réactions aux déclarations hier du ministre concernant l’âge de
la retraite. N’ignorant pas que le président de la République a au
cours de la campagne présidentielle pris des engagements contre un
changement de l’âge de la retraite, le ministre a néanmoins jugé
que ce point pourrait faire partie des sujets discutés avec les
partenaires sociaux. Elle a clairement indiqué que pour sa part
elle n’était pas « hostile » à l’idée d’un report de l’âge du
départ à la retraite faisant remarquer : « Je suis médecin, je
vois que la durée de vie augmente d’année en année, elle augmente
moins vite ces dernières années mais elle a considérablement
augmenté. Est-ce que, alors que le nombre d’actifs diminue, nous
allons pouvoir maintenir sur les actifs le poids des retraites qui
vont augmenter en nombre et en durée ? Nous savons que cet
équilibre-là va être de plus en plus difficile à tenir »
a-t-elle analysé.
Bas les masques
Irrémédiablement, de telles déclarations ont été reçues avec
amertume par les syndicats, même si le ministre, alerté par la
déferlante provoquée immédiatement par ses propos sur les réseaux
sociaux, a pris soin de préciser à la fin de l’émission qu’il
s’agissait d’une position « personnelle ». Ainsi, Yves Veyrier,
patron de Force Ouvrière a constaté : « les masques tombent un
peu plus sur les retraites. Après l'incitation à partir plus tard,
c'est maintenant le recul de l'âge à nouveau qu'évoque Agnès
Buzyn ». Beaucoup de voix se sont également exprimées pour
regretter l’absence apparente de prise en compte de la pénibilité
du travail par le ministre de la Santé.
Polémique sur ordonnance
Il est probable que la polémique pollue les échanges autour de la
loi de santé, d’autant plus que des accusations de manque de
concertation et de contournement des promesses ministérielles
planent également sur ce texte. Beaucoup regrettent en effet la
volonté présente dans le projet de légiférer par ordonnance sur
différents points notamment les hôpitaux de proximité. Jean-Carles
Grelier (député LR) déplore ainsi cité par L’Opinion que les sujets
réservés aux ordonnances (hôpitaux de proximité, modernisation des
statuts des emplois médicaux à l’hôpital, cadre juridique des
communautés professionnelles territoriales de santé…) qui «
concernent directement les Français » soient « soustraits
du débat parlementaire. Cela n’a pas de sens surtout à l’heure où
le gouvernement promeut les vertus du dialogue et du grand débat
national ». Entendant ces critiques et sur les conseils du
rapporteur du texte, Thomas Mesnier, Agnès Buzyn a accepté que la
définition des missions des hôpitaux de proximité soit réintégrée
dans la loi. Elle continue cependant globalement de défendre la
pertinence d’un « texte resserré et absolument nécessaire à la
transformation » de l’organisation de la santé.
Des négociations sous pression
Cette méthode heurte également les syndicats de médecins
libéraux, dont beaucoup redoutent un échec des négociations
conventionnelles qui pourrait conduire à l’introduction dans le
texte de loi de dispositions non concertées sur les assistants
médicaux et les CPTS. Si sur ce point, Agnès Buzyn, dans une
interview au Quotidien du médecin, se veut positive en affirmant
qu’il n’y aura pas d’achoppement des discussions, les syndicats
sont plus sombres. Au sujet des CPTS, le patron de la Confédération
des syndicats médicaux français (CSMF), Jean-Paul Ortiz observe : «
Cela peut donner le meilleur s’il y a une vraie concertation,
comme le pire, si ce sont les technocrates du ministère qui
décident ».
Les praticiens sont un peu plus rassurés quant à la
détermination constamment répétée par le ministre de la Santé, y
compris hier lors du Grand Jury, de refuser les mesures coercitives
en matière d’installation des médecins. L’inefficacité de ces
mesures qui éloignerait plus encore les jeunes médecins de
l’exercice libéral justifie cette constance d’Agnès Buzyn qui se
montre cependant ouverte à quelques initiatives, comme l’idée
proposée par un amendement d’imposer pendant l’internat un stage en
zone sous dotée.
Quand c’est flou…
Enfin, le ministre devra faire œuvre de pédagogie devant les
députés pour préciser les contours des réformes des études
médicales qui constituent les autres sujets phares du texte de loi
et au sujet desquelles au cours de ces récentes interventions elle
n’a pas toujours su apporter les précisions attendues, y compris en
ce qui concerne le calendrier exact.
Je suis aussi médecin et je constate que l'espérance de vie augmente encore, mais de moins en moins... Par contre je ne sais pas si notre façon de vivre la vie est un progrès ou un déclin... Si nous sommes dans le progrès, alors pourquoi ne pas profiter davantage de notre temps de retraite..? Si c'est juste une question de financement, il n'y a pas plus simple.. Il suffit d'augmenter le nombre d'actifs, en passant de 35 heures de travail par semaine à 20 heures par semaine..! Il n'y aura plus de chômeurs (grosse économie), beaucoup plus de cotisations pour les retraites(super!). Et si cela ne suffit pas, il suffit de faire cotiser (pour chaque emploi supprimé par un robot), l'entreprise qui remplace un travailleur par une machine (elle ne sera pas trop perdante, pas de salaire...juste la cotisation)... Voilà le progrès !